Rapport de l'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada 2016 - Regard sur la violence familiale au Canada

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Organisation : Agence de la santé publique du Canada

Date publiée : 2016-09-30

Message de l'administrateur en chef de la santé publique

La famille est le fondement de notre société et un lieu sûr pour favoriser l'épanouissement des enfants et de nos relations intimes. Toutefois, certaines familles canadiennes sont en difficulté, et les statistiques sont alarmantes. Il se peut que ce rapport soit troublant à lire pour plusieurs.

En 2014, 131 Canadiens ont été tués par un membre de la famille et 133 920 cas de violence dans les fréquentations ou de violence familiale ont été signalés. Dans la majorité des cas, la victime était une femme. Un peu moins de 9 millions de Canadiens ont indiqué avoir été victimes de mauvais traitements avant l'âge de 15 ans.

La violence familiale a des répercussions sur la santé au-delà des blessures physiques. Elle augmente le risque de nombreuses affections, comme la dépression, l'anxiété, le stress post-traumatique ainsi que l'hypertension, le cancer et les maladies cardiaques. Malgré les efforts de nombreux chercheurs, professionnels de la santé, organismes et communautés, nous ne saisissons toujours pas bien les causes de la violence familiale, ni ne savons comment intervenir efficacement.

Ce rapport cible un sujet difficile à aborder. La violence familiale est souvent cachée. En collaborant, nous pouvons lever le voile sur les causes, les circonstances et les victimes de la violence familiale, en plus d'améliorer nos efforts pour favoriser la santé des familles canadiennes.

Dr Gregory Taylor
Administrateur en chef de la santé publique du Canada

Vous avez besoin d'aide ou de plus de renseignements sur la violence familiale? Consultez les sites Web suivants :

Si vous-même ou une personne que vous connaissez avez besoin d'une aide immédiate, composez le 911 ou le numéro de téléphone d'urgence du service de police local.

Table des matières

Remerciements

De nombreuses personnes et organismes ont collaboré à la préparation du Rapport de l'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada 2016 : Regard sur la violence familiale au Canada.

J'aimerais d'abord exprimer ma gratitude aux spécialite qui nous ont conseillés :

  • Dr David Mowat, Partenariat canadien contre le cancer.
  • Dr Daryl Pullman, Université Memorial.
  • Dre Elizabeth Saewyc, Université de la Colombie-Britannique.
  • Dre Harriet MacMillan, Université McMaster, Réseau pour la recherche sur la prévention de la violence au cours de la vie (PreVAIL).
  • Dr Jeff Reading, Université de Victoria.
  • Dr John Frank, Université d'Édimbourg.
  • Dre Margo Greenwood, Université du Nord de la Colombie-Britannique, Centre de collaboration nationale de la santé autochtone.
  • Dr Michael Routledge, médecin-hygiéniste en chef, Manitoba.
  • Dr Peter Donnelly, président et chef de la direction de Santé publique Ontario.
  • Dr Peter Glynn, consultant en systèmes de santé.

J'aimerais également mentionner la contribution de nos partenaires et collaborateurs, consultés dans des délais serrés : Condition féminine Canada, Santé Canada, Gendarmerie royale du Canada, Justice Canada, Statistique Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation canadienne des femmes, la Dre Nadine Wathen de l'Université Western et du Réseau PreVAiL, la Dre Debra Pepler de l'Université York et du Réseau de promotion des relations et l'élimination de la violence (PREVNet) et la Dre Wendy Craig de l'Université Queen's et du Réseau PREVNet.

Je voudrais enfin remercier les nombreuses personnes et équipes de l'Agence de la santé publique du Canada pour tous leurs efforts, y compris représentants du programme de prévention de la violence familiale et de la direction générale de la promotion de la danté et la prévention des maladies chroniques : Dre Lil Tonmyr, Jennifer Shortall, Jessica Laurin, Matthew Enticknap, Natasha Kuran, Shanna Sunley, Shannon Hurley, Sherrill MacDonald, Simone Powell, Sydney Millar, Tanya Lary, Tracey Reynolds et Dre Wendy Hovdestad; et tout particulièrement les membres de mon unité et personnel de soutien : Dre Stephanie Rees-Tregunno, Michael Halucha, Judith O'Brien, Rhonda Fraser, Meheria Arya, Fatimah Elbarrani, Crystal Stroud, Michelle MacRae et Lori Engler-Todd.

Messages clés

La violence familiale est un important problème de santé publique. Ses effets sur la santé dépassent les lésions physiques directes, sont répandus, durables, et peuvent être graves en particulier pour ce qui est de la santé mentale. Même les formes moins graves de violence familiale peuvent avoir une incidence sur la santé.

Certaines familles canadiennes sont victimes des conflits malsains, des mauvais traitements et de violence qui risquent d'entraîner des répercussions sur leur santé. Collectivement, ses problèmes sont désignés comme de la violence familiale et prennent de nombreuses formes, varient quant à la gravité et comprennent la négligence et la violence physique, sexuelle, émotionnelle ainsi que l'exploitation financière. Les personnes qui vivent de la violence familiale ont besoin de soutien alors que les auteurs des mauvais traitements ou de la violence doivent répondre de leurs actes.

La violence familiale est un problème complexe qui peut survenir à tout moment au cours de la vie. Au Canada :

  • En moyenne, chaque année, 172 des homicides commis le sont par un membre de la famille de la victime.
  • Dans environ 85 000 des cas de crime avec violence, la personne responsable du crime est un membre de la famille proche.
  • Presque 9 millions ou environ un Canadien sur trois affirment avoir été victimes de mauvais traitements avant l'âge de 15 ou 16 ans.
  • Environ 760 000 Canadiens affirment avoir vécu un conflit conjugal malsain ou de la violence conjugale dans les cinq années précédentes.
  • Plus de 766 000 Canadiens âgés affirment avoir fait l'objet de mauvais traitements ou de négligence au cours de l'année précédente.

Les femmes, les enfants, les Autochtones, les personnes handicapées et les personnes qui s'identifient en tant que personne allosexuelles (lesbiennes, gais, personnes bisexuelles, transgenres ou en questionnement quant à leur orientation ou identité sexuelle) et bispirituelles sont plus à risque d'être victimes de violence familiale et de ses effets. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'être tuées par un partenaire intime et d'être victimes de violence sexuelle et de formes plus graves de violence conjugale chronique, en particulier les formes de violence qui incluent les menaces et le recours à la force pour exercer un contrôle. Les femmes sont aussi plus susceptibles d'en ressentir les effets sur leur santé.

La violence faite aux femmes et aux enfants est un problème de santé publique d'importance mondiale. Les données mondiales révèlent qu'une femme sur trois sera victime de violence sexuelle ou physique au cours de sa vie. Environ 18 % des femmes et environ 8% des hommes affirment avoir été victimes de violence sexuelle au cours de l'enfance.

La violence familiale est complexe - aucun facteur unique ne permet de prédire avec exactitude à quel moment elle se produira. Différentes combinaisons de facteurs au niveau individuel, familial, relationnel, communautaire et sociétal exercent une influence sur le risque de violence familiale. Parmi ces facteurs, notons, par exemple, les croyances entretenues à l'égard d'un sexe et la violence ainsi qu'aux caractéristiques relatives aux relations comme le pouvoir et le contrôle.

Les gens sont réticents à parler de la violence familiale, ce qui signifie souvent qu'elle n'est pas signalée. Diverses raisons expliquent pourquoi la violence familiale n'est pas signalée, notamment la peur et les préoccupations relatives à la sécurité, la stigmatisation et la peur de ne pas être crus. Dans certains cas, les gens croient qu'il s'agit d'un problème personnel ou d'un problème qui n'est pas suffisamment important. Les personnes qui vivent la violence familale peuvent aussi dépendre de la personne qui inflige les mauvais traitements ou la violence.

Nos connaissances sur les déterminants sociaux de la santé peuvent nous aider à prévenir la violence familiale et à mettre au point des méthodes d'intervention efficaces. Parmi les approches de prévention, il faut changer les croyances et les attitudes, établir des collectivités sûres et favorisant l'entraide, offrir du soutien aux jeunes et aux familles pour encourager les relations saines et promouvoir la santé et le bien-être.

Des recherches additionnelles sont nécessaires sur l'efficacité des interventions et des stratégies de prévention dans différentes situations.

Problèmes rattachés aux données sur la violence familiale

Statistique Canada produit des rapports sur la violence familiale au Canada sur une base régulière en compilant et en analysant des données provenant des rapports de police et d'enquêtes auprès de la population. Ces deux sources de données se complètent, mais ne sont pas directement comparables. L'information provenant des enquêtes des services de protection d'enfance est recueillie au moyen de l'étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants de l'Agence de santé publique du Canada (ASPC).

Il peut être difficile de compiler et d'interpréter les données sur la violence familiale, et ce, pour de nombreuses raisons dont les suivantes :

Les gens sont réticents à discuter de la violence familiale pour les raisons suivantesNote de bas de page 1-6 :

  • Ils craignent pour leur sécurité ou celle de leurs enfants.
  • Ils dépendent du membre de la famille qui a infligé des mauvais traitements ou de la violence.
  • Ils ont des sentiments de honte, de déni ou de blâme.
  • Ils croient que personne ne les croira, qu'ils seront blâmés ou jugés, ou qu'ils seront arrêtés.
  • Ils ne veulent pas que d'autres le sachent, et croient qu'il s'agit d'un problème personnel.
  • Ils croient que le problème était mineur ou pas suffisamment important. Ils l'ont réglé d'autres façons.

Il existe différentes définitions de la violence familiale. Les enquêtes n'utilisent pas toutes la même définition de la violence familiale et ne mesurent pas toutes le même type de violence familiale Note de bas de page 7,Note de bas de page 8. La violence émotionnelle et la négligence sont les types de violence les plus difficiles à mesurer parce qu'ils sont difficiles à définir et à cernerNote de bas de page 7,Note de bas de page 9.

La violence familiale est difficile à mesurer Note de bas de page 7,Note de bas de page 10-20 :

  • Les données des services de police et de protection de l'enfance saisissent uniquement les incidents portés à l'attention des autorités. Les enquêtes auprès de la population répertorient une gamme élargie d'incidents, y compris ceux qui ne sont pas signalés. Ces deux sources sont importantes pour comprendre la portée de la violence familiale au Canada.
  • Les enquêtes auprès de la population ne mesurent pas toujours toutes les formes de violence familiale ou ne donnent pas d'information sur la façon dont souvent une personne vit la violence. Un élément de données peut porter sur tout un éventail de comportements.
  • Les changements dans les données d'enquêtes, au fil du temps, peuvent refléter les changements dans les méthodes d'établissement de rapports ou dans les attitudes susceptibles d'exercer une influence sur la façon dont les gens répondent aux questions.
  • Il peut être difficile d'interpréter les taux de violence familiale dans les petites populations. Des taux élevés de violence familiale dans des petites populations peuvent être attribuables à un petit nombre d'incidents. Un petit changement dans le nombre d'incidents peut entraîner un grand changement dans les taux.
  • Les données ne sont pas toujours divisées en sous-groupes. Cela signifie qu'il peut y avoir une information limitée pour les groupes à risque plus élevé de violence familiale, comme les populations autochtones.
  • La façon dont les questions sont formulées dans les enquêtes auprès de la population peut aussi influer sur les résultats. Cela signifie qu'il peut être difficile de comparer les résultats entre les différentes enquêtes.
  • Les enquêtes auprès de la population sont fondées sur la mémoire des gens d'événements passés. Dans le cas de la violence familiale, ces enquêtes fournissent des estimations relativement fiables. En fait, elles sous-estiment probablement le problème.

Pourquoi ce rapport

Le présent rapport examine pour quelles raisons la violence familiale est un problème de santé publique important pour les Canadiens.

Les familles en santé sont l'épine dorsale de personnes, de collectivités et de sociétés fortes et productives Note de bas de page 21-25. Elles sont de différentes tailles et formes, et représentent un sanctuaire où l'on peut trouver nourriture, chaleur, refuge, sécurité, soutien, sûreté et amour.

La violence familiale est un indicateur que les familles sont en crise et ont besoin d'aide. En 2014, 323 643 Canadiens ont été victimes d'un crime violent signalé à la police. Pour environ 85 000 de ces victimes, l'auteur du crime était un membre de la famille Note de bas de page 10.

Seulement 30 % des Canadiens affirment que la police a été mise au fait des incidents lorsque leur conjoint s'est montré violent ou a infligé de mauvais traitements. Cela signifie qu'un grand nombre d'incidents de violence familiale ne sont jamais portés à l'attention de la policeNote de bas de page 10.

Qu'est-ce que la violence familiale?

Pour les besoins du présent rapport, la violence familiale comprend la violence, les mauvais traitements, les conflits malsains ou la négligence par un membre de la famille à l'égard d'un membre de la famille qui risquent d'entraîner un mauvais état de santé. Dans ce contexte, les membres de la famille comprennent également les partenaires intimes. La recherche sur la violence familiale est souvent axée sur le mauvais traitment aux enfants (que l'on appelle également la négligence et la violence faites aux enfants), la violence envers le partenaire intime (aussi appelée violence conjugale, violence dans les fréquentations, violence domestique ou mauvais traitements) et les mauvais traitements envers les personnes âgées (aussi appelés négligence et violence envers les aînés).

Voici certains types de violence familiale courants.

Violence physique : acte physique comme le fait de pousser, de bousculer, de claquer, de donner un coup de pied, de pincer, d'étouffer, de poignarder, de blesser par balle, de lancer des objets ou de brûler.

Violence sexuelle : tout type d'activité sexuelle forcée ou de coercition sexuelle à tout âge. Tout contact sexuel avec un enfant âgé de moins de 16 ans constitue un crime tout comme l'activité sexuelle qui exploite les enfants âgés de moins de 18 ans*.

Violence émotionnelle : paroles ou actions visant à contrôler, à effrayer ou à détruire le respect qu'une personne a pour elle-même.

Exploitation financière : contrôle ou mauvaise utilisation de l'argent ou de la propriété d'autrui.

Négligence : ne pas répondre aux besoins fondamentaux (p. ex. aliments, vêtements adéquats, soins de santé, protection contre les méfaits)

Exposition à la violence par le partenaire intime : lorsque les enfants sont témoins de la violence entre partenaires intimes à leur domicile.

* Certaines exceptions pour les membres non familiaux pour les personnes à peu près du même âge sont prévues. Voir le Code criminel du Canada.

Qui est victime de violence familiale au Canada?

Pour savoir combien de Canadiens sont à risque d'avoir une mauvaise santé en raison de la violence familiale, nous devons savoir combien de Canadiens en sont victimes. Lorsque l'on a posé aux Canadiens des questions sur la violence familiale, les mauvais traitements et les conflits, les données ont révélé ce qui suit :

  • Environ 9 millions ou un tiers des Canadiens âgés de plus de 15 ans ont affirmé qu'ils avaient été victimes de mauvais traitements avant l'âge de 15 ou 16 ans Note de bas de page 2,Note de bas de page 26,Note de bas de page 27.
  • Environ 760 000 ou 4 % des Canadiens âgés de 15 ans ou plus ont affirmé qu'ils avaient été victimes de violence de la part d'un partenaire intime dans les cinq années précédentes Note de bas de page 10.
  • Plus de 766 000 ou 8 % des Canadiens âgés de 55 ans et plus ont indiqué qu'ils avaient été victimes de mauvais traitements ou de négligence au cours de l'année précédente Note de bas de page 27.

Certains Canadiens sont à risque plus élevé de violence familiale :

  • Les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'être victimes de violence plus grave et plus fréquente de la part d'un conjoint ou de partenaire amoureux Note de bas de page 10.
  • Les Autochtones sont plus susceptibles d'être victimes de violence familiale que les non-Autochtones. Cela est particulièrement vrai dans le cas des femmes autochtones Note de bas de page 10.
  • Les personnes handicapées sont plus susceptibles d'être victimes de violence d'un conjoint, en particulier des types de violence plus grave que les personnes non handicapées Note de bas de page 28.
  • Les personnes qui s'identifient en tant que personne lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre ou en questionnement (LGBTQ) sont plus susceptibles d'être victimes de mauvais traitements ou de négligence pendant l'enfance, d'intimidation et de violence perpétrée par un conjoint ou une fréquentation Note de bas de page 10,Note de bas de page 29-31.

Pourquoi s'interesser à la violence familiale?

La violence familiale entraîne des effets importants et durables sur la santé. Elle est plus susceptible de toucher les personnes vulnérables, marginalisées ou marquées par des inégalités. Les personnes qui sont victimes de violence familiale sont plus susceptibles de présenter les problèmes suivants Note de bas de page 10,Note de bas de page 26,Note de bas de page 32-71 :

  • Problèmes de santé mentale comme la dépression, le trouble de stress post-traumatique et l'anxiété.
  • Des problèmes physiques comme les blessures ainsi que des affections et des maladies comme le cancer et l'arthrite.
  • Une espérance de vie écourtée.

Certaines personnes sont à risque plus élevé de ressentir des répercussions sur leur santé, en particulier dans le cas des problèmes liés à la santé mentale. Les exemples comprennent les femmes, les jeunes enfants, les Autochtones et les personnes qui vivent des types de violence familiale plus graves Note de bas de page 10,Note de bas de page 26,Note de bas de page 32,Note de bas de page 60,Note de bas de page 72-81.

Le lien entre la violence familiale et le mauvais état de santé est complexe. Il est donc difficile de déterminer le nombre de Canadiens en mauvais état de santé en raison de la violence familiale. Les coûts économiques liés au mauvais état de santé attribuable à la violence familiale au Canada sont importants Note de bas de page 82,Note de bas de page 83. En ce qui a trait à la violence faite aux enfants, les coûts pour les soins de santé, les services sociaux et personnels (p. ex. thérapie) en 1998 ont été estimés à près de 4 milliards de dollars par année Note de bas de page 82. Dans le cas de la violence conjugale, les coûts rattachés aux soins de santé en 2009 ont été estimés à 200 millions de dollars par année. Les coûts liés à la douleur, à la souffrance et à la perte de vie ont été estimés à 5,5 milliards de dollars par année Note de bas de page 83.

La lutte contre la violence faite aux femmes et aux enfants est une priorité à l'échelle mondiale : les données mondiales estiment que 35 % des femmes ont été victimes de violence physique ou sexuelle au cours de leur vie. Environ 23 % des femmes et des hommes sont victimes de violence physique pendant l'enfance et 18 % des femmes et environ 8% des hommes affirment avoir été victimes de violence sexuelle pendant l'enfance Note de bas de page 84-86. Les croyances qui établissent de la discrimination contre les femmes et les enfants, qui appuient la violence et qui mènent à des problèmes de pouvoirs et de contrôle dans les relations sont des raisons pour lesquelles les femmes et les enfants sont à risque élevé de vivre de la violence Note de bas de page 69. Au Canada, la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles autochtones est devenue une priorité. En 2016, le gouvernement du Canada a institué une enquête nationale indépendante sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Peut-on prévenir la violence familiale?

Il n'existe aucune raison unique expliquant la violence familiale. Ce qui mène à la violence familiale est un amalgame de facteurs sur les plans individuel, familial, social, communautaire et sociétal p. ex. 87-89. La complexité de la violence familiale fait en sorte qu'il est difficile de mettre au point des méthodes efficaces pour la prévenir. La recherche progresse afin de mieux cerner les possibilités d'intervention pour lutter contre la violence familiale.

Comme la violence familiale implique des personnes, des familles, des collectivités et des sociétés, chacun est responsable d'y mettre fin. Le renforcement des principes liés à la santé publique ou de la population peut jouer un rôle important. Les changements dans les croyances et les attitudes, la création de collectivités sûres et valorisant l'entraide, la promotion des familles et des relations saines, ainsi que le fait de cibler les populations à risque sont autant de façons de prévenir la violence familiale.

Organisation du rapport:

Ce rapport examine comment et pourquoi la violence familiale est un problème de santé publique important pour les Canadiens et ce qui peut être fait à cet égard. Le rapport renferme les sections suivantes :

  • La section sur les impacts sur les Canadiens examine l'étendue de la violence familiale au Canada et ses effets sur la santé et le mieux-être des Canadiens.
  • La section sur l'influence sur le risque de violence familale examine différents facteurs individuels, familiaux, sociaux, communautaires et sociétaux qui exercent une influence sur le risque de violence familiale.
  • La section sur le perspective axée sur le parcours de vie fournit un aperçu de la violence familiale tout au long de la vie en examinant les mauvais traitements faits aux enfants, la violence entre partenaires intimes et les mauvais traitements faits aux personnes âgées.
  • La section sur la prévention de la violence familiale examine de quelle façon les méthodes et les approches contribuent à lutter contre la violence familiale par la prévention primaire.

Impacts sur les Canadiens

Pour arrêter la violence familiale et ses effets sur la santé, nous devons comprendre qui en est victime et en quoi elle touche la santé. La présente section donne un aperçu des segments de la population canadienne qui sont victimes de violence familiale, de combien elle coûte aux Canadiens et explique en quoi elle peut mener à un décès précoce ou à un mauvais état de santé.

La violence familiale au Canada

En 2014, les rapports de police ont révélé qu'il y avait plus de 85 000 victimes de violence familiale au Canada Note de bas de page 10. Lorsque l'on inclut la violence entre les partenaires amoureux, le nombre augmente à 133 920 victimes Note de bas de page 10. Environ 96 000 de ces victimes sont des femmes et près de 20 000 sont âgées de moins de 20 ans Note de bas de page 10. À l'instar d'autres crimes violents, la violence familiale déclarée à la police a diminué au Canada au cours des quatre dernières années (voir figure 1) Note de bas de page 10,Note de bas de page 20.

Figure 1 : Violence familiale signalés à la police, 2010 et 2014 Note de bas de page 10,Note de bas de page 20.
Figure 1
Équivalent textuel

Diagramme à bandes montrant le taux d'incidents de violence familiale au Canada déclarés à la police en 2010 et en 2014.

En 2010

  • Terre-Neuve-et-Labrador = 316 par 100 000 habitants
  • Île-du-Prince-Édouard= 234 par 100 000
  • Nouvelle-Écosse = 264 par 100 000
  • Nouveau-Brunswick = 319 par 100 000
  • Québec = 333 par 100 000
  • Ontario = 196 par 100 000
  • Manitoba = 430 par 100 000
  • Saskatchewan = 644 par 100 000
  • Alberta = 351 par 100 000
  • Colombie-Britannique = 302 par 100 000
  • Yukon = 842 par 100 000
  • Territoires du Nord-Ouest = 2 455 par 100 000
  • Nunavut = 3 409 par 100 000

En 2014

  • Terre-Neuve-et-Labrador = 266 par 100 000 habitants
  • Île-du-Prince-Édouard= 157 par 100 000
  • Nouvelle-Écosse = 216 par 100 000
  • Nouveau-Brunswick = 240 par 100 000
  • Québec = 314 par 100 000
  • Ontario = 155 par 100 000
  • Manitoba = 358 par 100 000
  • Saskatchewan = 487 par 100 000
  • Alberta = 291 par 100 000
  • Colombie-Britannique = 213 par 100 000
  • Yukon = 912 par 100 000
  • Territoires du Nord-Ouest = 1 897 par 100 000
  • Nunavut = 2 491 par 100 000

Les données des enquêtes récentes auprès de la population révèlent ce qui suit :

  • Environ 9 millions de Canadiens âgés de plus de 15 ans (32 %) ont affirmé avoir été victimes de mauvais traitements avant l'âge de 15 ou de 16 ans Note de bas de page 2,Note de bas de page 26,Note de bas de page 27.
  • Environ 760 000 Canadiens âgés de plus de 15 ans (4 %) ont affirmé avoir vécu un conflit conjugal malsain ou de violence conjugale au cours des cinq années précédentes Note de bas de page 10.
  • Environ 4,2 millions de Canadiens âgés de plus de 15 ans (14 %) ont affirmé avoir été victimes de violence émotionnelle de la part d'un conjoint ou d'un conjoint de fait dans le passé Note de bas de page 10.
  • Environ 900 000 Canadiens âgés de plus de 15 ans (3 %) ont affirmé avoir été victimes d'exploitation financière de la part d'un conjoint ou d'un conjoint de fait dans le passé Note de bas de page 10.
  • Environ 766 000 Canadiens âgés de 55 ans et plus (8 %) ont affirmé avoir été victimes de mauvais traitements ou de négligence de la part d'un membre de la famille au cours de l'année précédente Note de bas de page 27.

Lorsqu'on a interrogé les Canadiens sur leurs expériences de conflit, de mauvais traitements et de violence dans leurs relations maritales ou unions de fait actuelles ou passées, les enquêtes auprès de la population ont révélé que les taux avaient diminué dans les provinces, mais non dans les territoires (voir figure 2). Cette diminution semble surtout attribuable au fait que la violence conjugale grave est en diminution Note de bas de page 4,Note de bas de page 5,Note de bas de page 10.

Figure 2 : Violence conjugale autodéclarés au Canada, 2004, 2009 et 2014 Note de bas de page 3,Note de bas de page 10,Note de bas de page 90
Figure 2
Équivalent textuel

Diagramme à bandes montrant le pourcentage estimé de Canadiens qui déclarent avoir été victime de violence conjugale en 2004, en 2009 et en 2014.

En 2004

  • Terre-Neuve-et-Labrador = 5,1 %
  • Île-du-Prince-Édouard= 5,1 %
  • Nouvelle-Écosse = 7,5 %
  • Nouveau-Brunswick = 6,5 %
  • Québec = 5,4 %
  • Ontario = 6,4 %
  • Manitoba = 7,3 %
  • Saskatchewan = 8,4 %
  • Alberta = 8,7 %
  • Colombie-Britannique = 7,5 %
  • Yukon = pas de données en 2004
  • Territoires du Nord-Ouest = pas de données en 2004
  • Nunavut = pas de données en 2004

En 2009

  • Terre-Neuve-et-Labrador = 4,1 %
  • Île-du-Prince-Édouard= 7 %
  • Nouvelle-Écosse = 5,5 %
  • Nouveau-Brunswick = 5,5 %
  • Québec = 5,3 %
  • Ontario = 6,2 %
  • Manitoba = 7,4 %
  • Saskatchewan = 8,3 %
  • Alberta = 7,6 %
  • Colombie-Britannique = 6,5 %
  • Yukon = 6,5 %
  • Territoires du Nord-Ouest = 11,9 %
  • Nunavut = 16,5 %

En 2014

  • Terre-Neuve-et-Labrador = 2,1 %
  • Île-du-Prince-Édouard= 5,3 %
  • Nouvelle-Écosse = 4,6 %
  • Nouveau-Brunswick = 4,5 %
  • Québec = 3,5 %
  • Ontario = 3,7 %
  • Manitoba = 3,3 %
  • Saskatchewan = 4,9 %
  • Alberta = 4,7 %
  • Colombie-Britannique = 4,2 %
  • Yukon = 6,8 %
  • Territoires du Nord-Ouest = 13,2 %
  • Nunavut = 16,5 %

Notes sur les données : L'information a été recueillie auprès de Canadiens âgés de 15 ans et plus et représente la violence conjugale vécue dans les cinq années précédentes. Sont inclus dans les données les personnes légalement mariées, les conjoints de fait, les partenaires de même sexe, les conjoints séparés et divorcés. Les données sur les territoires n'étaient pas disponibles pour chaque année. Pour 2009, il convient de faire preuve de prudence en effectuant des comparaisons des données parce que celles-ci ont été compilées de manière légèrement différente dans les provinces et dans les territoires.

On ne comprend pas très bien pourquoi la violence familiale a diminué. L'une des raisons pourrait être que les générations plus jeunes sont moins susceptibles d'avoir vécu de la violence familiale que les générations précédentes. Certaines données appuient cette allégation. En 2014, dans les territoires, 45 % des Autochtones âgés de 45 à 64 ans et 26 % de ceux âgés de 15 à 34 ans ont affirmé avoir été victimes de mauvais traitements et de négligence avant l'âge de 15 ans Note de bas de page 3. Ces chiffres ne se rapportent pas uniquement à la violence familiale et peuvent refléter l'expérience vécue dans les pensionnats indiens. Aux États-Unis, les données montrent que les femmes nées entre 1966 et 1975 étaient moins susceptibles d'avoir été victimes de violence par un partenaire intime que les femmes nées entre 1946 et 1955 Note de bas de page 91.

Populations canadiennes et violence familiale

Certaines populations au Canada sont plus susceptibles d'être victimes de violence familiale ou de types ou d'effets plus graves. Par exemple :

Femmes : Pour ce qui est des cas de violence familiale signalés à la police, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'être victimes de violence conjugale, et ce, à tous les âges (voir figure 3) Note de bas de page 10. En 2014, 57 835 femmes et 27 567 hommes ont été victimes de violence familiale ayant fait l'objet d'un signalement à la police Note de bas de page 10.

Figure 3 : Violence familiale signalés à la police, 2014 Note de bas de page 10.
Figure 3
Équivalent textuel

Diagramme à bandes montrant le taux d'incidents de violence familiale au Canada déclarés à la police en 2014 par groupe d'âge chez les femmes et chez les hommes.

Femmes

  • De 0 à 4 ans = 141,5 par 100 000 habitants
  • De 5 à 9 ans = 239,4 par 100 000 habitants
  • De 10 à 14 ans = 361,2 par 100 000 habitants
  • De 15 à 19 ans = 476,3 par 100 000 habitants
  • De 20 à 24 ans = 504,1 par 100 000 habitants
  • De 25 à 29 ans = 564,2 par 100 000 habitants
  • De 30 à 34 ans = 579,4 par 100 000 habitants
  • De 35 à 39 ans = 571,3 par 100 000 habitants
  • De 40 à 44 ans = 477,3 par 100 000 habitants
  • De 45 à 49 ans = 388,3 par 100 000 habitants
  • De 50 à 54 ans = 268,4 par 100 000 habitants
  • De 55 à 59 ans = 168,3 par 100 000 habitants
  • De 60 à 64 ans = 108,1 par 100 000 habitants
  • De 65 à 69 ans = 83,6 par 100 000 habitants
  • De 70 à 74 ans = 70,3 par 100 000 habitants
  • 75 ans et plus = 48,9 par 100 000 habitants

Hommes

  • De 0 à 4 ans = 122,0 par 100 000 habitants
  • De 5 à 9 ans = 200,1 par 100 000 habitants
  • De 10 à 14 ans = 219,9 par 100 000 habitants
  • De 15 à 19 ans = 220,7 par 100 000 habitants
  • De 20 à 24 ans = 183,8 par 100 000 habitants
  • De 25 à 29 ans = 187,3 par 100 000 habitants
  • De 30 à 34 ans = 192,3 par 100 000 habitants
  • De 35 à 39 ans = 201,9 par 100 000 habitants
  • De 40 à 44 ans = 202,0 par 100 000 habitants
  • De 45 à 49 ans = 194,1 par 100 000 habitants
  • De 50 à 54 ans = 155,7 par 100 000 habitants
  • De 55 à 59 ans = 114,0 par 100 000 habitants
  • De 60 à 64 ans = 82,5 par 100 000 habitants
  • De 65 à 69 ans = 65,8 par 100 000 habitants
  • De 70 à 74 ans = 56,1 par 100 000 habitants
  • 75 ans et plus = 38,0 par 100 000 habitants

Les enquêtes auprès de la population montrent que pendant leur vie, les femmes sont plus susceptibles d'être victimes de violence familiale que les hommes Note de bas de page 84,Note de bas de page 85,Note de bas de page 92. En 2010, selon les données compilées à l'échelle mondiale, on estimait que 30 % des femmes étaient victimes de violence physique ou sexuelle de la part du partenaire intime à un moment de leur vie Note de bas de page 84,Note de bas de page 85. Dans les pays à revenu élevé, dont le Canada, cette proportion était de 21 % Note de bas de page 85. En 2012, les données provenant de deux villes de l'Ontario et du Québec ont révélé ce qui suit Note de bas de page 92 :

  • 29 % des femmes et 15 % des hommes ont affirmé avoir été victimes de violence émotionnelle de la part d'un membre de la famille au moins une fois dans leur vie.
  • 15 % des femmes et 6 % des hommes ont affirmé avoir été victimes de violence physique d'un membre de la famille au moins une fois dans leur vie.

Les données canadiennes révèlent que les femmes courent deux à quatre fois plus de risque que les hommes d'être victimes de violence sexuelle dans l'enfance ou dans leur relation maritale ou vivant en union de fait Note de bas de page 10,Note de bas de page 26,Note de bas de page 93. Les rapports de police et les enquêtes des services de protection de l'enfance révèlent que les jeunes filles et les jeunes hommes courent autant de risque d'être victimes d'autres types de mauvais traitements Note de bas de page 58,Note de bas de page 71. Les enquêtes auprès de la population révèlent que les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'affirmer qu'elles ont été victimes de violence sexuelle ou témoins de la violence conjugale de leurs parents dans l'enfance. Elles sont toutefois moins susceptibles d'affirmer avoir été victimes de violence physique dans l'enfance (voir la figure 4) Note de bas de page 26.

Figure 4 : Violence faite aux enfants ou d'exposition à de la violence entre partenaires intimes autodéclarés, 2012 Note de bas de page 26.
Figure 4
Équivalent textuel

Diagramme à bandes montrant le pourcentage estimé de Canadiennes et de Canadiens qui déclarent avoir été victimes de violence au cours de l'enfance ou exposés à la conjugale pendant l'enfance en 2012.

Femmes

  • Violence physique = 21.3 %
  • Violence sexuelle = 14.4 %
  • Exposition à la violence conjugale = 8.9 %

Hommes

  • Violence physique = 31 %
  • Violence sexuelle = 5.8 %
  • Exposition à la violence conjugale = 6.9 %

Notes sur les données : Les données ont été compilées auprès des Canadiens âgés de 18 ans et plus. Cela exclut les Canadiens vivant dans les territoires, les collectivités autochtones ou les institutions. Elles ne comprennent pas les militaires à temps plein des Forces canadiennes.

Les données provenant d'une enquête démographique de 2014 ont révélé que 341 502 ou 4 % des Canadiennes et 418 163 ou 4 % des Canadiens avaient affirmé avoir été victimes d'un conflit malsain, de mauvais traitements ou de violence dans leur relation maritale ou leur union de fait au moins une fois dans les cinq années précédentes Note de bas de page 10. Les femmes étaient plus susceptibles que les hommes d'être victimes de types de violence plus graves de la part du partenaire intime, d'avoir un mauvais état de santé en raison de la violence du partenaire intime ou d'être tuées par un partenaire intime Note de bas de page 4,Note de bas de page 10.

Les femmes autochtones étaient aussi plus susceptibles d'avoir vécu des mauvais traitements pendant l'enfance ou d'être victimes de violence dans leur relation maritale ou leur union de fait que les hommes autochtones. En 2014 Note de bas de page 72 :

  • 14 % des femmes autochtones et 5 % des hommes autochtones ont affirmé avoir vécu de la violence physique et sexuelle pendant l'enfance.
  • 10 % des femmes autochtones et 8 % des hommes autochtones ont affirmé avoir vécu de la violence perpétrée par un conjoint ou un conjoint de fait dans les cinq années précédentes.

Populations autochtones : Les populations autochtones sont diversifiées et incluent les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Dans les collectivités autochtones, la violence familiale est bien souvent tributaire de nombreux facteurs dont les écarts dans les services de santé et les services sociaux, l'absence de lieux ou de logements sûrs, le contexte politique et historique, les préoccupations relatives au système judiciaire et au fait que la violence est perçue comme un comportement normal. Les femmes autochtones qui cherchent de l'aide doivent souvent quitter leur collectivité. Cela signifie qu'elles doivent laisser derrière elles leurs sources de soutien et leur culture Note de bas de page 94. Les Autochtones peuvent être réticents à chercher de l'aide en raison de la stigmatisation et de la discrimination qu'ils ont vécue dans le système de santé Note de bas de page 95.

Les Autochtones sont plus susceptibles d'être victimes de mauvais traitements pendant l'enfance et de violence conjugale que les non-Autochtones. En 2014 Note de bas de page 10,Note de bas de page 72 :

  • 40 % des Autochtones et 29 % des non-Autochtones ont déclaré qu'ils avaient vécu des mauvais traitements avant l'âge de 15 ans.
  • 9 % des Autochtones et 4 % des non-Autochtones ont affirmé qu'ils avaient vécu un conflit malsain, des mauvais traitements ou de la violence perpétrée par un conjoint ou un conjoint de fait dans les cinq années précédentes.
  • 10 % des femmes autochtones et 3 % des femmes non autochtones ont affirmé avoir vécu des conflits malsains, des mauvais traitements ou de la violence perpétrée par un conjoint ou un conjoint de fait dans les cinq années précédentes.
  • Les femmes autochtones étaient plus susceptibles que les femmes non autochtones de déclarer avoir fait l'objet de types de violence conjugale plus graves et d'avoir vécu des séquelles plus graves sur la santé.
  • Contrairement aux cas des femmes non autochtones, la violence conjugale chez les femmes autochtones n'a pas diminué avec le temps.

Le traumatisme intergénérationnel est un problème important pour certaines collectivités autochtones. En effet, il est souvent lié à la problématique des pensionnats indiens ainsi qu'à des contextes politiques et historiques Note de bas de page 96-108. Le traumatisme intergénérationnel se produit lorsqu'un événement traumatique touche non seulement les personnes qui le vivent, mais aussi leurs enfants et parfois leurs petits-enfants. Par exemple, les enfants des Autochtones qui ont vécu un traumatisme dans les pensionnats indiens sont à risque plus élevé de connaître un épisode dépressif Note de bas de page 100. D'autres exemples des séquelles à long terme de l'expérience des pensionnats indiens comprennent la perte des connaissances traditionnelles, la piètre qualité de la santé communautaire, le stress intergénérationnel, des disparités dans les déterminants sociaux de la santé et des perturbations dans l'identité ethnique et culturelle Note de bas de page 99,Note de bas de page 103,Note de bas de page 109,Note de bas de page 110.

Personnes handicapées : Les personnes qui ont un handicap physique, un problème de santé ou un problème de santé mentale qui limite leurs activités quotidiennes sont plus susceptibles d'être victimes de violence conjugale ou de violence sexuelle que les personnes qui ne sont pas touchées par ces types de problèmes de santé (voir figure 5) Note de bas de page 28,Note de bas de page 111-113. Cela est particulièrement vrai pour les femmes Note de bas de page 114.

Figure 5 : Violence conjugale autodéclarée, 2004 Note de bas de page 28
Figure 5
Équivalent textuel

Diagramme à bandes montrant le pourcentage estimé de Canadiens ayant un handicap et sans handicap qui déclarent avoir été victimes de violence conjugale en 2004.

Personnes handicapées

  • Violence physique = 9,0 %
  • Violence sexuelle = 1,3 %
  • Violence émotionnelle = 24,0 %
  • Exploitation financière = 5,5 %

Personnes non handicapées

  • Violence physique = 6,0 %
  • Violence sexuelle = 0,5 %
  • Violence émotionnelle = 16,0 %
  • Exploitation financière = 2,8 %

Notes sur les données : Une personne handicapée est une personne qui affirme avoir eu de la difficulté dans sa vie quotidienne ou être atteinte d'une incapacité physique, d'un problème de santé ou d'un problème de santé mentale qui influe sur ses activités quotidiennes. L'information a été obtenue auprès de Canadiens âgés de 15 ans ou plus et représente la violence conjugale vécue dans les cinq années précédentes, les incidents de mauvais traitements physiques ou sexuels survenus dans les cinq années précédentes et les incidents de mauvais traitements émotionnels ou financiers vécus à tout moment.

Collectivité des personnes allosexuelles (lesbiennes, gais, personnes bisexuelles, transgenres, en questionnement quant à leur orientation ou identité sexuelle, ou de gender non conforme) et bispirituelles: Les données sur la violence familiale dans la collectivité des personnes allosexuelles (lesbiennes, gais, personnes bisexuelles, transgenres, en questionnement quant à leur orientation ou identité sexuelle, ou de gender non conforme) et bispirituelles sont limitées au Canada, de sorte qu'il est difficile de cerner pleinement l'étendue de la problématique. En 2014, 8 % des partenaires de même sexe affirmaient avoir vécu de la violence du partenaire intime dans les cinq années précédentes comparativement à 4 % chez les partenaires hétérosexuels Note de bas de page 10. Chez les partenaires de même sexe, il s'agit d'une diminution de 21 % par rapport à 2004 Note de bas de page 10. La recherche a révélé que les personnes qui s'identifient comme lesbiennes, gais, bisexuelles, transgenres ou en questionnement (LGBTQ) sont plus susceptibles d'avoir vécu des mauvais traitements et de la négligence pendant l'enfance, de l'intimidation, du harcèlement sexuel des pairs, de la violence entre les partenaires amoureux et dans la relation conjugale ou l'union de fait Note de bas de page 10,Note de bas de page 29-31.

Chez les personnes qui s'identifient en tant que LGBTQ, plusieurs facteurs additionnels peuvent exercer une influence sur leur risque d'être exposées à de la violence familiale Note de bas de page 29-31,Note de bas de page 115-120 :

  • L'acceptation familiale est un enjeu clé pour les jeunes LGBTQ. Elle peut influencer l'estime de soi et le soutien social ainsi que la santé physique et mentale.
  • Les femmes lesbiennes ou bisexuelles et les hommes gais ou bisexuels peuvent être confrontés à des difficultés liées à des stéréotypes sexospécifiques. Pour les femmes, il peut s'agir de la conviction que les femmes sont incapables de commettre des actes de violence. Pour les hommes, il peut s'agir de la conviction que les hommes sont violents et qu'ils ne parlent pas de leur expérience en tant que victimes de violence ou de mauvais traitements.
  • Il existe aussi d'autres facteurs, notamment les suivants :
    • le stress inhérent au fait de faire partie d'un groupe minoritaire;
    • la menace d'être exposé en tant que LGBTQ;
    • la déclaration d'infection à VIH, le cas échéant;
    • le conflit de rôles fondé sur les sexes;
    • la stigmatisation sociale;
    • la violence à l'extérieur de la relation; et,
    • l'absence de services de soutien spécifiques.

Coûts économiques de la violence familiale

À ce jour, les études portant sur les coûts rattachés à la violence familiale pour les Canadiens ont été limitées. Des données plus anciennes prêtent à penser que les coûts économiques de la violence familiale au Canada sont élevés. On ne peut établir avec certitude si ces coûts ont changé au fil du temps, car aucune donnée n'est disponible pour effectuer une comparaison. Les données de 1998 estiment que les mauvais traitements et la négligence pendant l'enfance ont coûté aux Canadiens près de 16 milliards de dollars par année (voir figure 6) Note de bas de page 82. Les données de 2009 estiment que la violence conjugale a coûté aux Canadiens près de 7,4 milliards de dollars par année (voir figure 6) Note de bas de page 83.

En ce qui a trait aux mauvais traitements et la négligence pendant l'enfance, les coûts les plus importants sont rattachés à la perte de revenus Note de bas de page 82. Dans le cas de la violence conjugale, les coûts les plus importants sont rattachés à des coûts intangibles. Ceux-ci comprennent une estimation des coûts rattachés à la douleur, à la souffrance et à la perte de vie attribuables à la violence conjugale pour les Canadiens Note de bas de page 83.

Figure 6 : Coûts totaux estimés au Canada, par année : a) du mauvais traitement et de la négligence pendant l'enfance en 1998; b) de la violence conjugale en 2009 Note de bas de page 82,Note de bas de page 83
Figure 6
Équivalent textuel

Deux diagrammes à bandes montrant les coûts, au Canada, de la violence faite aux enfants et de la violence conjugale. Les données datent respectivement de 1998 et de 2009.

Violence faite aux enfants

  • Coûts judiciaires, qui comprennent les frais associés aux enquêtes policières, aux tribunaux et aux pénalités = 617 millions de dollars
  • Coûts de santé, qui comprennent les coûts médicaux = 223 millions de dollars
  • Services sociaux, qui comprennent les coûts des programmes axés sur les répercussions de la violence = 1,2 milliard de dollars
  • Emploi, coûts qui comprennent une estimation de la perte de revenus résultant de la violence faite aux enfants = 11,3 milliards de dollars
  • Coûts personnels, qui comprennent les dépenses en santé ou les dépenses juridiques payées par la victime = 2,4 milliards de dollars
  • Éducation, coûts qui comprennent les coûts de l'éducation spécialisée = 24 millions de dollars

Violence conjugale

  • Système judiciaire = 545 millions de dollars
  • Soins de santé de la victime = 21 millions de dollars
  • Santé mentale de la victime = 180 millions de dollars
  • Perte de productivité de la victime = 53 millions de dollars
  • Autres coûts personnels pour la victime = 271 millions de dollars
  • Coûts intangibles pour la victime = 5,5 milliards dollars
  • Coûts pour les tiers = 890 millions de dollars

Mortalité

La violence, les mauvais traitements et la négligence augmentent le risque d'un décès précoce par homicide et suicide de même qu'en raison de maladies et d'affections liées à la violence familiale Note de bas de page 94,Note de bas de page 121-129. Les données sur les suicides liés à la violence familiale, les décès par maladies et affections liés à la violence familiale, et les décès attribuables à la négligence sont limitées ou absentes.

En 2014, on a dénombré 516 homicides au Canada. De ceux-ci, 131 ou 34 % des victimes ont été tuées par un membre de la famille. À l'instar des homicides en général, le nombre d'homicides familiaux diminue. Il est passé de 229 en 1985 à 131 en 2014 Note de bas de page 121. Le membre de la famille le plus susceptible d'être accusé d'homicide familial dépend de l'âge et du sexe de la victime :

  • En ce qui concerne les bébés et les enfants, les parents sont les plus susceptibles d'être accusés du crime Note de bas de page 130.
  • Les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'être tuées par un conjoint, un conjoint de fait ou partenaire amoureux Note de bas de page 10.
  • En ce qui concerne les adultes plus âgés, un conjoint était plus susceptible d'être accusé du crime lorsque les femmes plus âgées étaient victimes d'un homicide familial. Les enfants d'âge adulte étaient les plus susceptibles d'être accusés lorsque les hommes plus âgés étaient les victimesNote de bas de page 10.

Impacts sur la santé physique et mentale

La violence familiale entraîne des répercussions étendues et durables sur la santé. Lorsque l'on examine ces répercussions, il convient de garder certains points à l'esprit :

  • Parce qu'ils se produisent tôt dans la vie, les mauvais traitements pendant l'enfance sont l'exemple le plus clair de violence familiale entraînant des répercussions durables sur la santé mentale et physique p. ex. Note de bas de page 59,Note de bas de page 131. La violence envers les enfants influe sur le développement de ceux-ci, augmentant le risque de problèmes de santé à l'âge adulte Note de bas de page 129.
  • Même les formes moins graves de violence peuvent avoir une influence sur la santé. Par exemple, les punitions physiques peuvent entraîner des répercussions négatives sur la santé d'un enfant Note de bas de page 34,Note de bas de page 132,Note de bas de page 133.
  • Les études visant à cerner les répercussions de la violence du partenaire intime sur la santé ont été largement axées sur les femmes. Lorsque la santé des hommes est touchée par la violence perpétrée par un partenaire intime, les effets sont en grande partie les mêmes types de maladies et d'affections que vivent les femmes p. ex., Note de bas de page 73,Note de bas de page 146. Les femmes ont tendance à vivre des répercussions plus étendues et plus graves sur leur santé que les hommes Note de bas de page 4,Note de bas de page 10,Note de bas de page 73,Note de bas de page 147.
  • Peu d'études sont disponibles sur la façon dont les mauvais traitements des personnes plus âgées influent sur leur vie et leur bien-être.

Est-ce que les répercussions peuvent être « renversées »? Les études portant sur les Anglais et les Roumains adoptés (en anglais seulement) ont examiné la négligence au sein d'un groupe d'orphelins roumains. Ces orphelins présentaient de nombreux retards de développement et des troubles d'attachement avec les fournisseurs de soins. L'adoption au Royaume-Uni avant l'âge de six mois a permis de rattraper bon nombre de ces retards chez la plupart des enfants. Certains enfants qui ont été adoptés à un âge un peu plus avancé ont aussi montré des améliorations Note de bas de page 134-145.

La figure 7 présente une version simplifiée illustrant comment la violence familiale influe directement et indirectement sur la santé.

Figure 7 : Représentation simplifiée des répercussions de la violence familiale sur la santé
Figure 7
Équivalent textuel

L'image illustre de quelle façon la violence familiale peut avoir une incidence sur la santé. La violence physique peut entraîner directement des blessures, de la douleur, un traumatisme cérébral et du stress. La violence sexuelle peut entraîner directement des effets sur le système reproducteur, des grossesses non désirées, des infections transmissibles sexuellement et du stress. La violence psychologique et l'exploitation financière peuvent entraîner directement du stress. La négligence peut entraîner directement la malnutrition, des blessures et du stress. Le stress peut entraîner du stress chronique et des comportements à risque. Le stress chronique peut entraîner des problèmes de santé mentale, des troubles psychologiques et des maladies et affections comme un affaiblissement du système immunitaire, le cancer, l'hypertension, des problèmes cardiaques, l'asthme, des problèmes gastro-intestinaux, l'obésité, l'arthrite, l'insomnie et le diabète. Les comportements à risque peuvent entraîner d'autres problèmes, comme l'abus de substances, la violence et des relations sexuelles non protégées. L'abus de substances peut entraîner des maladies et des affections comme la toxicomanie, des surdoses, des blessures, des maladies du foie ou le cancer (causés par l'alcool), de la violence et des relations sexuelles non protégées. La violence peut entraîner des affections comme des blessures. Les relations sexuelles non protégées peuvent entraîner des maladies et des affections, y compris des grossesses non désirées et des infections transmissibles sexuellement.

Note de bas de page 26,Note de bas de page 32-71,Note de bas de page 127,Note de bas de page 128,Note de bas de page 131,Note de bas de page 132,Note de bas de page 147-159

Impacts sur la santé des Canadiens : En 2014, près de 250 000 Canadiens (un Canadien sur trois) ayant vécu de la violence conjugale avait aussi déclaré avoir eu des blessures physiques comme des ecchymoses, des coupures ou des fractures. De 129 000 à 281 000 Canadiens (de 17 % à 37 % des Canadiens) ont affirmé avoir été bouleversés, avoir vécu de la confusion, de la frustration, de la colère, de la peine, de la déception, de la dépression, de la peur ou un choc. Environ 59 000 (32 %) des Canadiens qui avaient été victimes de violence conjugale plus grave ont affirmé qu'ils avaient des effets semblables aux symptômes du trouble de stress post-traumatique Note de bas de page 10. Cela représente uniquement une partie des répercussions de la violence familiale sur la santé des Canadiens.

Impacts indirects : Il peut sembler incroyable que la violence familiale augmente le risque d'avoir des maladies comme le cancer et l'arthrite, et que différents types de mauvais traitements pendant l'enfance peuvent influer sur la santé de la même façon Note de bas de page 32,Note de bas de page 61,Note de bas de page 160. Les chercheurs croient qu'il en est ainsi parce que les différents types de violence familiale sont tous stressants et augmentent le risque de comportements malsains et plus risqués :

  • Violence familiale en tant que stresseur chronique : La violence familiale est stressante. Le stress chronique, en particulier tôt dans la vie, peut être à l'origine d'un mauvais état de santé Note de bas de page 43,Note de bas de page 129,Note de bas de page 161-199. De nombreuses théories expliquent pourquoi cela se produit. Des exemples des effets de stress chronique comprennent les changements dans le fonctionnement du système immunitaire et de la façon dont les cellules du corps se divisent Note de bas de page 129,Note de bas de page 162,Note de bas de page 165,Note de bas de page 200-203. Cela peut expliquer pourquoi la violence familiale peut augmenter le risque d'avoir des maladies comme des maladies cardiaques ou de la démence Note de bas de page 129.
  • Violence familiale et comportement risqué : La violence familiale peut mener à des comportements malsains et risqués comme une consommation importante d'alcool, la consommation de drogue, le tabagisme, les mauvaises habitudes alimentaires et les comportements sexuels non sécuritaires Note de bas de page 60,Note de bas de page 204-211. Ces comportements augmentent le risque de contracter une vaste gamme de maladies et d'affections. Par exemple, notons les infections transmissibles sexuellement par les pratiques sexuelles non sécuritaires et les maladies du foie attribuables à une grande consommation d'alcool Note de bas de page 60,Note de bas de page 206.

Santé mentale : La violence familiale entraîne aussi d'importantes répercussions sur la santé mentale Note de bas de page 60,Note de bas de page 73,Note de bas de page 74,Note de bas de page 149,Note de bas de page 206,Note de bas de page 212. Les mauvais traitements pendant l'enfance et la violence du partenaire intime sont plus susceptibles d'augmenter le risque de dépression, d'anxiété et de trouble de stress post-traumatique que le risque d'autres maladies et affections Note de bas de page 60,Note de bas de page 73,Note de bas de page 149. Les mauvais traitements pendant l'enfance augmentent le risque de problèmes de santé mentale à tous âges et pour tous les types de mauvais traitements Note de bas de page 131. Ils augmentent aussi le risque d'émergence de comportements problématiques et délinquants comme la violence, l'agression ou d'autres types de comportements antisociaux, surtout chez les garçons Note de bas de page 58,Note de bas de page 213-215.

Autres types d'impacts

La violence familiale peut avoir une incidence sur les relations et les vies des personnes à l'école et au travail.

Stigmatisation : La violence familiale peut mener à de la stigmatisation et à de la discrimination, y compris à des idées fausses voulant que les victimes soient piégées, passives, sans espoir, déprimées, faibles ou responsables d'être une victime Note de bas de page 229-233. Le risque de faire l'objet de stigmatisation et de discrimination peut faire en sorte que ces personnes sont réticentes à demander de l'aide Note de bas de page 234.

Relations sociales : La violence familiale peut avoir une incidence sur les relations et les amitiés. Les mauvais traitements pendant l'enfance peuvent exercer une influence sur la capacité des personnes d'établir des relations saines et augmente le risque de vivre ou d'être responsable de violence perpétrée par le partenaire intime. Il en est peut-être ainsi parce que la violence augmente le risque de problème de gestion des émotions et du stress, ainsi que de piètres habiletés sociales et d'une plus faible estime de soi Note de bas de page 151,Note de bas de page 213,Note de bas de page 217-226. Les personnes exposées à des mauvais traitements pendant l'enfance ou à des pratiques parentales sévères ont de la difficulté à assumer leur rôle de parent pour leurs propres enfants, ce qui peut entraîner des répercussions sur la santé et le mieux-être de ces enfants Note de bas de page 227. Les femmes qui vivent de la violence d'un partenaire intime peuvent être isolées sur le plan social. Elles sont aussi plus susceptibles d'avoir des difficultés dans leurs relations familiales et sociales Note de bas de page 149,Note de bas de page 228.

École : Les mauvais traitements pendant l'enfance peuvent être à l'origine d'un piètre rendement scolaire et de problèmes à l'école. En effet, ces mauvais traitements influent sur l'apprentissage, la mémoire, la capacité à résoudre des problèmes, l'attention et les émotions Note de bas de page 129,Note de bas de page 213,Note de bas de page 235-241. Cela peut mener à des risques accrus de problèmes financiers et de chômage à l'âge adulte Note de bas de page 242.

Travail : Au Canada, plus de 50 % des personnes qui ont vécu de la violence d'un partenaire intime ont affirmé que celle-ci est également survenue au travail ou à proximité de celui-ci. Les femmes sont plus susceptibles de vivre ce type de situation que les hommes Note de bas de page 243,Note de bas de page 244. Les personnes qui vivent de la violence entre partenaires intimes peuvent souvent manquer des jours de travail ou s'y présenter en retard, être moins productives et avoir de la difficulté à se concentrer au travail ou à conserver un emploi Note de bas de page 244-248. Le fait d'avoir un emploi et d'être indépendant sur le plan financier peut être important pour que ces personnes puissent mettre fin à une relation violente ou abusive Note de bas de page 249. Les collègues de travail peuvent aussi être touchés par les personnes qui vivent de la violence entre partenaires, souvent parce qu'ils deviennent stressés ou préoccupés de la situation Note de bas de page 244.

Facteurs qui influent sur les impacts de la violence familiale sur la santé

Les personnes ne sont pas toutes à risque égal d'avoir un mauvais état de santé en raison de la violence familiale Note de bas de page 250. Les paragraphes ci-dessous décrivent quelques exemples de facteurs qui exercent une influence sur ce risque :

Résilience : La résilience est lorsqu'une personne est capable de s'adapter à une expérience négative ou à une situation stressante, ou de s'en remettre, avec peu d'effets sur sa santé Note de bas de page 250,Note de bas de page 251. Bien que la violence familiale mine la santé de bon nombre des personnes qui en font l'objet, certains autres sont résilients Note de bas de page 87,Note de bas de page 151-154,Note de bas de page 252-255. Les chercheurs se sont demandé pourquoi ils étaient résilients et de quelle façon cela pourrait empêcher la violence familiale de mener à un mauvais état de santé Note de bas de page 256.

Génétiques et épigénétiques : Les chercheurs ont constaté que la composition génétique (le génotype) d'une personne peut accroître le risque que les mauvais traitements pendant l'enfance entraînent une dépression à l'âge adulte ou des problèmes de comportement pendant l'adolescence Note de bas de page 257-259. D'autres génotypes réduiraient le risque que les mauvais traitements pendant l'enfance affectent la santé Note de bas de page 260,Note de bas de page 261. L'épigénétique peut aussi jouer un rôle Note de bas de page 129,Note de bas de page 258,Note de bas de page 262-269. Les expériences stressantes pendant l'enfance pourraient exercer une influence sur la façon dont les gènes sont activés et exprimés, ce qui peut entraîner un mauvais état de santé ultérieurement dans la vie Note de bas de page 129.

Qu'est-ce que l'épigénétique? L'épigénétique est l'étude de l'adaptation de la biologie humaine à un environnement en évolution en altérant l'expression et l'activation des gènes. Ces changements peuvent être transmis d'une génération à l'autre Note de bas de page 270.

Fréquence et gravité des mauvais traitements : Certaines données probantes montrent que plus une personne vit des types de mauvais traitement ou plus graves ou plus fréquents sont-ils, plus élevé est le risque que les mauvais traitements pendant l'enfance entraînent un mauvais état de santé Note de bas de page 26,Note de bas de page 50,Note de bas de page 60,Note de bas de page 73,Note de bas de page 75-77, Note de bas de page 203,Note de bas de page 271,Note de bas de page 272. D'autres événements stressants ou négatifs vécus tôt dans la vie peuvent accentuer cet effet Note de bas de page 78,Note de bas de page 79. Il existe une tendance analogue pour ce qui est de la violence entre partenaires intimes. Plus les mauvais traitements sont graves ou plus fréquents, plus il est probable que la violence entre partenaires intimes entraîne des problèmes de santé mentale Note de bas de page 74.

Comprendre l'adversité précoce : Les mauvais traitements pendant l'enfance ne sont pas la seule forme de stress ou d'adversité précoce qui peut entraîner des répercussions sur la santé Note de bas de page 273. Les études d'Adverse Childhood Experiences (en anglais seulment) ont permis de démontrer la corrélation entre les expériences négatives précoces et les effets sur la santé à l'âge adulte Note de bas de page 273-278.

Âge : Quant à savoir si les mauvais traitements pendant l'enfance entraîneront des répercussions sur la santé plus tard dans la vie, tout dépend de l'âge auquel la négligence ou les mauvais traitements sont vécus Note de bas de page 148,Note de bas de page 223,Note de bas de page 228,Note de bas de page 235,Note de bas de page 236. Dans certains cas, plus les mauvais traitements surviennent tôt pendant l'enfance, plus ils sont susceptibles d'entraîner des problèmes de santé mentale Note de bas de page 237.

Sexe : Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de vivre des séquelles des mauvais traitements pendant l'enfance et de la violence entre partenaires intimes Note de bas de page 10,Note de bas de page 26,Note de bas de page 32,Note de bas de page 73,Note de bas de page 74,Note de bas de page 80,Note de bas de page 87,Note de bas de page 279,Note de bas de page 280. En 2014, une enquête auprès de la population canadienne a révélé que dans les cinq années précédentes Note de bas de page 10 :

  • 40 % des femmes et 24 % des hommes avaient affirmé avoir eu des blessures physiques à la suite d'épisodes de violence conjugale.
  • 22 % des femmes et 9 % des hommes ayant été victimes de violence conjugale avaient affirmé avoir ressenti des effets s'apparentant à ceux du syndrome de stress post-traumatique.

Les femmes sont aussi plus susceptibles que les hommes d'être touchées sur le plan émotionnel et de vivre de la peur à la suite d'épisodes de violence entre partenaires intimes Note de bas de page 4,Note de bas de page 10,Note de bas de page 281-283.

Influence sur le risque de violence familiale

Aucun facteur unique ne peut prédire avec exactitude quand ou comment surviendra la violence familiale, et qui en sera victime. Les raisons à l'origine de la violence familiale sont un amalgame de facteurs individuels, familiaux, sociaux, communautaires et sociétaux (voir figure 8)p. ex., Note de bas de page 44,Note de bas de page 87-89. L'interaction entre ces facteurs est complexe Note de bas de page 44,Note de bas de page 87,Note de bas de page 89. La recherche qui vise à comprendre cette complexité est toujours en évolution.

La présente section décrit les facteurs qui exercent une influence sur le risque de vivre et de perpétrer de la violence familiale.

Figure 8 : De nombreux facteurs contribuent au risque de violence familiale.
Figure 8
Équivalent textuel

L'image illustre les nombreux facteurs qui contribuent au risque de violence familiale chez l'individu, dans la famille, les relations, la collectivité et la société. Chacun a un vécu et une expérience qui diffèrent. Les facteurs qui déterminent qui nous sommes tôt dans la vie et peuvent avoir une influence sur le risque de violence familiale comprennent la génétique, le genre et la biologie. Pendant le développement, des facteurs comme l'âge, la biologie, les expériences de vie et la santé peuvent avoir une influence sur le risque de violence familiale. Chacun a un modèle de relations différent. Les facteurs qui déterminent le fonctionnement de nos relations et qui peuvent avoir une influence sur le risque de violence familiale comprennent la qualité de la relation, la résolution des conflits, le pouvoir et le contrôle, et la famille et les amis et le stress. Chaque collectivité est unique. Les facteurs qui déterminent à quel endroit on habite et qui font augmenter le risque de violence familiale comprennent l'offre de services et leur accès, les caractéristiques de la population, la sécurité, la pauvreté, et les croyances et les comportements à l'égard de la violence familiale. Chaque société a des croyances et des attitudes à l'égard de la violence familiale. Les facteurs qui déterminent ce qu'on pense et croit et qui influent sur le risque de violence familiale comprennent les croyances, les attitudes et les comportements à l'égard de la violence familiale, les lois, les politiques, la sensibilisation et les connaissances.

Pourquoi survient la violence familiale? Il est important de comprendre pourquoi survient la violence familiale pour la prévenir. Il existe de nombreuses théories sur la violence familiale, mais aucune ne peut l'expliquer entièrement Note de bas de page 44,Note de bas de page 284-290. Pour l'heure, les théories qui avancent que la violence familiale est le résultat d'interactions entre des facteurs individuels, familiaux, sociaux et communautaires sont celles qui réussissent le mieux à prédire les raisons à l'origine de la violence familiale Note de bas de page 87,Note de bas de page 88,Note de bas de page 285,Note de bas de page 291,Note de bas de page 292.

Que signifie le risque? Les recherches prêtent à penser que plus une personne présente un nombre élevé de facteurs de risque, plus elle court le risque de vivre de la violence familiale Note de bas de page 293,Note de bas de page 294. En revanche, il est aussi possible qu'une personne présente tous les facteurs de risque de violence familiale et n'en vive jamais. D'autres ne présentent peu sinon aucun facteur de risque, et vivent quand même de la violence familiale.

Facteurs individuels

Voici les exemples de facteurs qui augmentent le risque de violence familiale Note de bas de page 4,Note de bas de page 10,Note de bas de page 11,Note de bas de page 27,Note de bas de page 44,Note de bas de page 68,Note de bas de page 74,Note de bas de page 81,Note de bas de page 87,Note de bas de page 92,Note de bas de page 93,Note de bas de page 151,Note de bas de page 253,Note de bas de page 286,Note de bas de page 293-297 :

  • Un historique de mauvais traitements ou de négligence pendant l'enfance
  • L'âge
  • Le sexe
  • Les traits, les croyances et les comportements
  • La santé mentale et physique
  • La toxicomanie
  • Le stress

Bon nombre des mêmes facteurs augmentent le risque de faire l'objet de mauvais traitement ou de violence, et d'être une victime de violence familiale Note de bas de page 4,Note de bas de page 10,Note de bas de page 11,Note de bas de page 44,Note de bas de page 68,Note de bas de page 73,Note de bas de page 74,Note de bas de page 81,Note de bas de page 87,Note de bas de page 92,Note de bas de page 93,Note de bas de page 151,Note de bas de page 286,Note de bas de page 293-339. On ne comprend pas clairement pourquoi il en est ainsi, mais il pourrait être important de le comprendre pour prévenir la violence familiale et ses répercussions. Certains facteurs augmentent le risque de violence familiale chez certaines personnes et non chez d'autres. Par exemple :

  • En 2014, les Autochtones étaient plus susceptibles d'être victimes d'un crime violent, y compris de violence familiale, que les peuples non autochtones. En ce qui concerne les femmes autochtones, mais non les hommes, l'identification en tant qu'Autochtone augmente ce risque. Chez les hommes autochtones, d'autres facteurs comme les mauvais traitements pendant l'enfance, le désordre social dans les collectivités et les quartiers, l'itinérance, la consommation de drogues ou le mauvais état de santé mentale sont autant de facteurs qui ont augmenté le risque d'être victime d'un crime violent Note de bas de page 72.
  • Aux États-Unis, certains groupes ethniques présentent des taux plus élevés de violence entre partenaires intimes. Dans certains cas, des facteurs liés à l'ethnicité (p. ex. âge, situation de famille, revenu) et non l'ethnicité elle-même étaient liés à ces taux plus élevés Note de bas de page 73,Note de bas de page 87.
  • Les problèmes de consommation d'alcool comme la consommation abusive augmenteraient le risque de violence familiale, mais cela pourrait être attribuable au fait que la consommation excessive d'alcool et la violence familiale présentent de nombreux autres facteurs communs Note de bas de page 4,Note de bas de page 87,Note de bas de page 324,Note de bas de page 333. Cela peut aussi dépendre du contexte de la consommation (p. ex. occasions de consommation, personne qui consomme) Note de bas de page 340.

Les trois facteurs de risque dont on discute souvent comprennent :

Violence entre partenaires intimes et fondée sur le sexe : Les Nations Unies, par la Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes et l'Organisation mondiale de la Santé, déclarent que la violence faite aux femmes est un problème de santé publique mondial majeur et une violation des droits de la personne qui se produit parce que les femmes sont des femmes. Il s'agit d'un acte de violence fondé sur le sexe qui augmente le risque de souffrance ou de lésion chez les femmes qui la vivent. Les femmes sont plus susceptibles de vivre de la violence sexuelle et des cas plus graves de violence entre partenaires intimes, et les hommes sont plus susceptibles d'en être responsables Note de bas de page 280,Note de bas de page 328,Note de bas de page 341,Note de bas de page 342. En ce qui concerne les formes de violence moins graves entre partenaires intimes, il est plus difficile de déterminer s'il existe ou non des différences entre les sexes Note de bas de page 10,Note de bas de page 73,Note de bas de page 280,Note de bas de page 341,Note de bas de page 342. Actuellement, les discussions dans le milieu de la recherche sont abondantes sur cette problématique Note de bas de page 10,Note de bas de page 12-14,Note de bas de page 87,Note de bas de page 298,Note de bas de page 306,Note de bas de page 328,Note de bas de page 342-345.

Historique de négligence ou de mauvais traitements pendant l'enfance : Bon nombre des personnes qui sont victimes de mauvais traitements ou de négligence pendant l'enfance n'expérimentent pas de mauvais traitements ni ne deviennent violents plus tard dans la vie. Pour certaines, le risque est accru p. ex., Note de bas de page 87,Note de bas de page 271,Note de bas de page 284-286, Note de bas de page 292,Note de bas de page 295,Note de bas de page 296,Note de bas de page 346. On ne sait pas pourquoi certaines personnes qui vivent des mauvais traitements ou de la négligence sont à risque plus élevé alors que d'autres ne le sont pas. Certaines études ont révélé ce qui suit :

Problème de comportement à l'adolescence : Les problèmes de comportement à l'adolescence, comme le fait de devenir violent et le comportement criminel ou antisocial, sont fortement liés au fait d'infliger des mauvais traitements ou de la violence dans les relations plus tard dans la vie. Cela s'explique peut-être parce que le fait d'être violent est perçu comme un mode de comportement normal Note de bas de page 87.

Qu'en est-il des facteurs socioéconomiques? On discute souvent de la violence familiale dans le contexte de la pauvreté, du faible niveau de scolarité et du chômage. Les données probantes étayant comment ces facteurs socioéconomiques exercent une influence sur le risque d'une personne relative à la violence familiale sont contradictoires ou complexes Note de bas de page 4,Note de bas de page 69,Note de bas de page 87,Note de bas de page 125,Note de bas de page 305,Note de bas de page 351,Note de bas de page 352. Cela peut dépendre d'autres facteurs comme le type de mauvais traitement, la situation socioéconomique du quartier et les croyances et les attitudes à l'égard des sexes et de la violence Note de bas de page 87,Note de bas de page 293,Note de bas de page 353,Note de bas de page 354.

Facteurs familiaux et sociaux

Les relations sociales et familiales réunissent des personnes qui partagent des expériences et des antécédents uniques. Cela ajoute autant à la complexité de risque de violence familiale. Les paragraphes qui suivent décrivent des exemples de facteurs familiaux et sociaux qui augmentent le risque de violence familiale.

Les compétences parentales peuvent être perçues comme un continuum Note de bas de page 356.

  • De saines compétences parentales comprennent certaines formes de discipline.
  • Les compétences parentales insuffisantes commencent à inclure certaines formes de gestes irresponsables.
  • La négligence ou la violence émotionnelle implique des gestes qui mettent l'enfant à risque ou l'exposent à des traumatismes, ne répondent pas aux besoins de l'enfant ou sont sévères ou malveillants.

La dynamique familiale et les mauvais traitements pendant l'enfance : Plusieurs facteurs augmentent le risque de mauvais traitements chez l'enfant dans une famille, notamment les suivants Note de bas de page 44,Note de bas de page 68,Note de bas de page 313,Note de bas de page 355 :

  • Compétences parentales et attachement parental insuffisants.
  • Peu de sensibilité et de réconfort parental.
  • Absence parentale, ne pas être disponible, manque d'engagement.
  • Conflit familial, faible cohésion familiale.
  • Litiges sur la garde de l'enfant.
  • Insatisfaction à l'égard de l'enfant, attentes irréalistes, manque de compréhension des besoins de l'enfant.
  • Punition physique et discipline sévère.
  • Violence entre partenaires intimes (parents).

Des relations familiales solides et stables peuvent diminuer le risque de mauvais traitement pendant l'enfance ou de violence plus tard dans la vie Note de bas de page 68,Note de bas de page 73,Note de bas de page 87,Note de bas de page 253,Note de bas de page 310,Note de bas de page 311,Note de bas de page 357.

Dynamiques relationnelles, violence entre partenaires intimes et mauvais traitements des personnes âgées : Il est difficile d'étudier comment les dynamiques d'une relation influencent le risque de violence familiale, car elles sont complexes. Les explications et les descriptions de ce qui se produit peuvent différer entre la personne qui est la victime et la personne qui est responsable des mauvais traitements Note de bas de page 1,Note de bas de page 7,Note de bas de page 345,Note de bas de page 358,Note de bas de page 359. Bon nombre des mêmes facteurs influent sur le risque de violence entre partenaires intimes et de mauvais traitements des personnes âgées. Voici quelques exemples Note de bas de page 69,Note de bas de page 87,Note de bas de page 92,Note de bas de page 290,Note de bas de page 298,Note de bas de page 324,Note de bas de page 325,Note de bas de page 357,Note de bas de page 360 :

  • Stress dans la relation.
  • Situation de famille.
  • Quantité de conflits relationnels.
  • Dépendance.
  • Qualité de la relation.

Facteurs sociaux : Plusieurs facteurs liés aux amis et à la famille peuvent augmenter le risque de toutes les formes de violence familiale. Voici quelques exemples Note de bas de page 27,Note de bas de page 68,Note de bas de page 69,Note de bas de page 87,Note de bas de page 92,Note de bas de page 125,Note de bas de page 313,Note de bas de page 325,Note de bas de page 352,Note de bas de page 360 :

  • Le fait d'avoir des amis qui sont violents.
  • Des amitiés détachées et des relations malsaines avec d'autres membres de la famille.
  • Le fait d'être isolé socialement et l'absence de soutien social.

Facteurs communautaires et sociétaux

Les personnes forment les familles et les relations qui forment les collectivités et les sociétés. Les paragraphes suivants décrivent des exemples de facteurs communautaires et sociétaux qui exercent une influence sur le risque de violence familiale.

Différences culturelles : On ne sait pas clairement comment la culture exerce une influence sur le risque de violence familiale. Certains facteurs culturels pourraient être liés à la violence familiale, notamment :

L'étude des taux nationaux de violence familiale pourrait aider à déterminer le rôle de la culture, mais il est difficile de calculer ces taux entre différents pays. Les données ne sont pas compilées de la même façon et différentes définitions sont utilisées Note de bas de page 84-86, Note de bas de page 351,Note de bas de page 354,Note de bas de page 367-369. Cela limite notre capacité de comprendre de quelle façon la culture exerce une influence sur la violence familiale à l'échelle mondiale. D'une façon générale, il est probable que les taux de violence familiale au Canada soient comparables aux taux ailleurs dans le monde :

  • Le taux mondial de violence physique autodéclarée pendant l'enfance serait de près de 230 par 1 000 enfants, et peu de différences ont été observées entre les continents. En Amérique du Nord, ce taux était d'environ 240 par 1 000 enfants Note de bas de page 86.
  • Le taux mondial de violence entre partenaires intimes vécue à certains moments de leur vie était de 30 % chez les femmes. Dans les pays à revenu élevé, dont le Canada, cette proportion était de 21 % Note de bas de page 85.

Les taux de violence entre partenaires intimes à l'endroit des femmes sont plus élevés dans les pays où l'inégalité entre les sexes est plus élevée Note de bas de page 354,Note de bas de page 363. Les taux de violence entre partenaires intimes visant les hommes sont plus élevés dans les pays où il y a plus d'égalité entre les sexes Note de bas de page 363. Cela signifie que les différents pays devront envisager différentes approches en matière de prévention.

Que croient les gens? En 2014, les données mondiales issues des pays en développement révèlent que plus de la moitié des adolescentes et des adolescents croient que la violence entre partenaires intimes est justifiée dans certaines conditions. Dans bon nombre de ces pays, les filles sont plus susceptibles de souscrire à cette croyance que les garçons. Un niveau de scolarité ou un revenu plus élevé était lié à une réduction de la probabilité que les adolescents entretiennent ce type de croyance Note de bas de page 366.

Acceptabilité sociale et normalisation de la violence : La croyance voulant que la violence soit acceptable et un comportement normal peut augmenter le risque de mauvais traitement pendant l'enfance et de violence entre partenaires intimes Note de bas de page 68,Note de bas de page 69,Note de bas de page 87. L'exposition à de la violence peut la banaliser et en faire un comportement considéré comme normal. La recherche révèle que les hommes et les femmes qui se montrent violents ou infligent de mauvais traitements ont tendance à penser que la violence est un comportement normal. Ils ont aussi tendance à en minimiser les répercussions Note de bas de page 370,Note de bas de page 371. Les personnes qui vivent de la violence familiale peuvent aussi la percevoir comme un comportement normal ou comme une expression d'amour de la part du partenaire violent Note de bas de page 1,Note de bas de page 69,Note de bas de page 372,Note de bas de page 373.

Voisinage : De nombreuses caractéristiques du voisinage peuvent influer sur le risque qu'une famille vive de la violence familiale. Voici quelques exemples de ces caractéristiques Note de bas de page 4,Note de bas de page 68,Note de bas de page 69,Note de bas de page 87,Note de bas de page 374-379 :

  • manque de services (p. ex. juridique, santé).
  • manque de volonté d'intervenir par les membres de la collectivité.
  • manque de lien et de soutien à l'échelle communautaire, et de contrôle du comportement.
  • désordre social (p. ex. voisinage bruyant, vandalisme, personne utilisant ou vendant des drogues, prostitution).
  • quartier défavorisé (p. ex. pauvreté).
  • instabilité (p. ex. déménagements fréquents).
  • exposition à de la violence dans le voisinage, ou inquiétude à cet égard.
  • le nombre de magasins du quartier qui vendent de l'alcool.

Perspective axée sur le parcours de vie

La présente section décrit la violence familiale pendant la vie en examinant la complexité liée aux mauvais traitements pendant l'enfance, à la violence entre partenaires intimes et aux mauvais traitements des personnes âgées. La perspective axée sur le parcours de vie examine de quelle façon les expériences peuvent s'accumuler et interagir pendant la vie Note de bas de page 351,Note de bas de page 380,Note de bas de page 381. Elle soutient l'idée voulant que les personnes peuvent s'adapter et changer, et qu'il est possible de prévenir, de « renverser » ou de réduire les effets des expériences négatives et stressantes, comme la violence familiale Note de bas de page 264,Note de bas de page 382,Note de bas de page 383.

Violence familiale et perspective de vie : Certaines données probantes donnent à penser que les répercussions de la violence familiale s'accumulent au cours de la vie. Par exemple, les femmes qui vivent de la violence entre partenaires intimes étaient plus susceptibles de devenir déprimées si elles avaient aussi vécu des mauvais traitements pendant l'enfance Note de bas de page 384.

Il est important de comprendre de quelle façon les personnes et leurs familles changent et évoluent au cours d'une vie pour comprendre la violence familiale. Actuellement, les connaissances sur la violence familiale au cours de la vie sont fragmentées. La recherche est souvent axée sur les mauvais traitements pendant l'enfance, la violence entre partenaires intimes et le mauvais traitement des aînés et les traite comme des sujets distincts. D'autres formes de violence familiale, comme les adolescents qui violentent des parents ou la violence entre les frères et soeurs sont également courantes, mais moins reconnues et étudiées Note de bas de page 264,Note de bas de page 382,Note de bas de page 383.

Mauvais traitements pendant l'enfance

Les données des services de police et de protection de l'enfance révèlent que les parents sont les auteurs les plus susceptibles d'être responsables des cas de violence familiale touchant des enfants déclarés aux autorités (voir figure 9) Note de bas de page 10.

Figure 9 : Lien avec la victime dans les cas de violence familiale signalés à la police, 2014 Note de bas de page 10
Figure 9
Équivalent textuel

Diagramme à bandes montrant les incidents de violence familiale déclarés à la police en 2014 contre les enfants et les jeunes âgés de 17 ans et moins. Il indique le pourcentage de cas perpétrés par les parents, un frère ou une sœur (fratrie), les membres de la famille élargie ou un conjoint.

Moins de 1 an

  • Parent = 89 %
  • Frère ou soeur = 3 %
  • Famille élargie = 8 %

1 à 3 ans

  • Parent = 78 %
  • Frère ou soeur = 9 %
  • Famille élargie = 13 %

4 à 6 ans

  • Parent = 68 %
  • Frère ou soeur = 15 %
  • Famille élargie = 17 %

7 à 11 ans

  • Parent = 64 %
  • Frère ou soeur = 17 %
  • Famille élargie = 18 %

12 à 17 ans

  • Parent = 52 %
  • Frère ou soeur = 18 %
  • Famille élargie = 24 %
  • Conjoint ou conjointe = 6 %

Notes sur les données : Parents - comprend les parents biologiques ou adoptifs, les beaux-parents et les parents en famille d'accueil. Frère ou soeur - comprend les frères et sœurs biologiques, les demi-frères et demi-sœurs, ainsi que les frères et sœurs par alliance, par adoption ou en famille d'accueil. Famille élargie - comprend tous les autres membres de la famille liées à la victime par le sang, par mariage ou par adoption; Conjoints ou conjointes - comprend les conjoints mariés et les conjoints de fait actuels et antérieurs.

Mauvais traitements pendant l'enfance, après l'adolescence : Bon nombre d'enquêtes sur les mauvais traitements infligés aux enfants s'enquièrent des expériences vécues avant l'âge de 15 ou de 16 ans Note de bas de page 10,Note de bas de page 26. Les mauvais traitements infligés par les parents ne cessent pas toujours une fois que les enfants atteignent la fin de l'adolescence ou l'âge adulte. Une enquête démographique récente a révélé qu'un petit nombre Canadiens âgés de 55 ans et plus étaient victimes de mauvais traitements de la part de leurs parents Note de bas de page 27. Il convient donc de ne pas se limiter à l'enfance lorsque l'on examine la question du mauvais traitement infligé à des enfants par leurs parents.

Changements dans les familles au fil du temps : Les familles peuvent changer avec le temps et les enfants peuvent être élevés dans une diversité de situations, dont certaines peuvent augmenter le risque de mauvais traitements pendant l'enfance. Voici quelques exemples :

  • Les ménages reconstitués (p. ex. les ménages avec un second conjoint du père veuf ou de la mère veuve) présentant de nombreux problèmes familiaux peuvent avoir un risque accru d'être caractérisés par des situations de mauvais traitement de l'enfant Note de bas de page 385-387.
  • Les expériences familiales négatives comme le divorce augmentent les risques que les mauvais traitements infligés à l'enfant entraînent des problèmes de santé mentale Note de bas de page 388,Note de bas de page 389.

Dans certains cas, la violence familiale peut se produire après une séparation ou un divorce. Les partenaires qui sont violents peuvent aussi utiliser l'accès aux enfants comme une forme de contrôle ou de punition contre l'autre parent. Lorsqu'un enfant est retiré d'un milieu violent à la suite d'une séparation ou d'un divorce, ce retrait peut mettre fin au mauvais traitement infligé à l'enfant Note de bas de page 390.

Les frères et soeurs : Un frère ou sœur peut être considérée comme une source de soutien clé qui se maintient à l'âge adulte Note de bas de page 391-395. La violence entre frères et sœurs est souvent une forme de violence familiale négligée. Elle peut être perçue comme un comportement normal entre frères et sœurs, même par les frères et sœurs eux-mêmes Note de bas de page 391,Note de bas de page 394. À l'instar d'autres formes de violence familiale, elle peut influer sur le comportement et la santé Note de bas de page 391-395.

Enfants autochtones : La moyenne d'âge au sein des peuples autochtones est plus jeune que dans les populations non autochtones. Certains enfants autochtones évoluent dans un contexte différent de celui des autres enfants où ils peuvent être marqués par des inégalités telles qu'un accès réduit aux services de santé et de soutien, des taux élevés de pauvreté, une espérance de vie plus courte et des taux de maladie plus élevés Note de bas de page 396. Ces inégalités s'inscrivent dans un contexte plus vaste qui comprend la marginalisation, la discrimination et des facteurs sociaux, économiques, politiques et historiques Note de bas de page 396,Note de bas de page 397.

Violence envers les parents : La violence envers les parents par les adolescents est différente des autres formes de violence familiale parce que les parents continuent de jouer un rôle parental et d'exercer le pouvoir (p. ex. le salaire des parents soutient la famille). Le mauvais traitement des parents peut entraîner des répercussions sur la santé et créer des tensions à l'intérieur de la famille Note de bas de page 398. Le fait d'avoir vécu des mauvais traitements pendant l'enfance ou d'avoir été témoins de violence dans les relations parentales peut augmenter le risque que les adolescents infligent de mauvais traitements à leurs parents. Le mauvais comportement, le faible lien avec les parents et certaines pratiques parentales sont des exemples d'autres facteurs de risque Note de bas de page 398-400.

Relations saines chez les jeunes Canadiens : La majorité des jeunes Canadiens affirment entretenir de bonnes relations à la maison. Cette tendance est toutefois moins présente chez les filles (voir la figure 10). À mesure que les jeunes vieillissent, leurs relations avec leurs parents ont tendance à se dégrader (voir la figure 10). Les jeunes ayant de très bonnes relations avec leur famille et leurs amis ainsi qu'un sentiment d'attachement et d'appartenance à leur école et à leur quartier avaient davantage tendance à se dire en bonne santé que ceux dont les relations étaient plus tendues. Les jeunes au Canada sont moins susceptibles que par le passé d'indiquer avoir des relations de grande qualité avec leurs parents (voir la figure 10) Note de bas de page 401.

Figure 10 : Proportion des élèves ayant indiqué avoir des relations de grande qualité avec leurs parents, 2002, 2006, 2010 Note de bas de page 401
Figure 10
Équivalent textuel

Diagramme à bandes montrant le pourcentage d'étudiants canadiens de la 6e à la 10e année qui affirment entretenir une bonne relation avec leurs parents en 2002, en 2006 et en 2010.

Garçons

  • En 2002 :
    • 6e année = 49,9 %
    • 7e année = 37,6 %
    • 8e année = 31,8 %
    • 9e année = 25,3 %
    • 10e année = 20,3 %
  • En 2006 :
    • 6e année = 47,0 %
    • 7e année = 38,7 %
    • 8e année = 32,0 %
    • 9e année = 22,7 %
    • 10e année = 20,0 %
  • En 2010 :
    • 6e année = 42,8 %
    • 7e année = 34,0 %
    • 8e année = 28,1 %
    • 9e année = 19,9 %
    • 10e année = 19,3 %

Filles

  • En 2002 :
    • 6e année = 46,8 %
    • 7e année = 34,1 %
    • 8e année = 26,0 %
    • 9e année = 22,0 %
    • 10e année = 19,1 %
  • En 2006 :
    • 6e année = 47,0 %
    • 7e année = 32,4 %
    • 8e année = 24,0 %
    • 9e année = 20,5 %
    • 10e année = 18,7 %
  • En 2010 :
    • 6e année = 39,9 %
    • 7e année = 33,0 %
    • 8e année = 24,7 %
    • 9e année = 19,5 %
    • 10e année = 18,0 %

Violence entre partenaires intimes

En 2014, les données des services de police ont révélé ce qui suit Note de bas de page 10 :

  • Les femmes étaient plus susceptibles d'être victimes d'un crime violent perpétré par un membre de la famille que par une personne à l'extérieur de leur famille.
  • Les hommes étaient plus susceptibles d'être victimes d'un crime violent perpétré par une personne à l'extérieur de leur famille que par un membre de la famille.

Le membre de la famille le plus susceptible d'être responsable de la violence entre partenaires intimes diffère aussi selon qu'il s'agisse des hommes et des femmes (voir Figure 11) Note de bas de page 10.

Figure 11 : Lien avec la victime dans les cas de violence familiale signalée à la police, 2014 Note de bas de page 10.
Figure 11
Équivalent textuel

Diagramme à bandes montrant le taux d'incidents de violence familiale déclarés à la police en 2014 contre les femmes et les hommes âgés de 15 à 89 ans. Il indique le pourcentage de cas perpétrés par les conjoints, les partenaires amoureux, d'autres partenaires intimes et les membres de la famille élargie.

Femmes

  • Conjoint ou conjointe = 34 %
  • Partenaire amoureux = 39 %
  • Autre partenaire intime = 1 %
  • Famille élargie = 27 %

Hommes

  • Conjoint ou conjointe = 23 %
  • Partenaire amoureux = 26 %
  • Autre partenaire intime = 1,3 %
  • Famille élargie = 50 %

Notes sur les données : Données compilées auprès des Canadiens âgés de 15 à 89 ans. Les conjoints et les partenaires amoureux incluent les partenaires actuels et antérieurs.

Violence dans les fréquentations : En 2014, 15 % des incidents de crimes violents signalés à la police avaient été perpétré par un partenaire amoureux. Dans presque 80 % de ces incidents, les femmes étaient les victimes Note de bas de page 10. La violence dans les fréquentations est une préoccupation pour les adolescents, car l'adolescence est une période importante pour acquérir de bonnes habitudes et compétences en matière relationnelle Note de bas de page 402. Les facteurs de risque de violence dans les fréquentations sont pour la plupart semblables aux facteurs de risque de violence conjugale. Les amis et les parents peuvent jouer un rôle important au chapitre de la violence entre les partenaires amoureux Note de bas de page 87,Note de bas de page 403. Par exemple Note de bas de page 87 :

  • une bonne relation avec les parents peut diminuer le risque que des adolescents vivent de la violence dans les fréquentations.
  • le fait d'avoir des amis qui sont violents peut augmenter le risque que les adolescents infligent des mauvais traitements ou se montrent violents à l'endroit des partenaire amoureux, ou d'être victimes de violence ou de mauvais traitement par un partenaire amoureux.

Qu'en est-il de l'intimidation? Être victime d'intimidation peut accroître le risque de vivre de la violence dans les fréquentations. Le fait d'être la personne qui intimide ou qui est intimidée peut accroître le risque d'être responsable de violence dans les fréquentations à l'adolescence Note de bas de page 87,Note de bas de page 404-406.

Les jeunes Canadiens sont plus susceptibles de signaler avoir vécu de l'intimidation que par le passé (voir figure 12) Note de bas de page 24. Les filles sont plus susceptibles d'être victimes d'intimidation que les garçons. Les garçons sont plus susceptibles d'intimider que les filles Note de bas de page 24. Les jeunes ayant un piètre soutien social et familial sont plus susceptibles de participer à l'intimidation Note de bas de page 24,Note de bas de page 401.

Figure 12: Pourcentage d'étudiants qui déclarent avoir été victimes d'intimidation au moins deux fois par semaine. Note de bas de page 24.
Figure 12
Équivalent textuel

Figure 12 : Pourcentage d'étudiants qui déclarent avoir été victimes d'intimidation au moins deux fois par semaine. 24

Diagramme à bandes montrant le pourcentage estimé d'étudiants canadiens qui déclarent avoir été victimes d'intimidation au moins deux fois par semaine en 2006, 2010 et 2014.

  • En 2006 = 19 %
  • En 2010 = 20 %
  • En 2014 = 22 %

Grossesse : Pour de nombreuses femmes qui vivent de la violence entre partenaires intimes, cette forme de violence cesse ou diminue pendant la grossesse. Les données de l'enquête de 2006-2007 montrent qu'environ 1,4 % des Canadiennes ont affirmé avoir vécu de la violence entre partenaires intimes pendant la grossesse Note de bas de page 407,Note de bas de page 408. La violence entre partenaires intimes pendant la grossesse met à risque la femme enceinte et le fœtus. Les problèmes peuvent comprendre un faible poids à la naissance, un accouchement prématuré, de mauvais soins prénataux, une mauvaise nutrition maternelle, un gain de poids inadéquat, des comportements à risque et une dépression postpartum Note de bas de page 409-412.

La violence bilatérale : La violence bilatérale est un concept controversé. Les spécialistes ne s'entendent pas sur ses caractéristiques Note de bas de page 12-14,Note de bas de page 306,Note de bas de page 345,Note de bas de page 413. La violence bilatérale survient lorsque les partenaires d'une relation sont violents ou se maltraitent l'un l'autre. Il est difficile de comprendre cette problématique. Les données sur la violence entre partenaires intimes ne sont pas toujours compilées, car les relations difficiles peuvent être complexes et dynamiques Note de bas de page 87,Note de bas de page 345,Note de bas de page 414. Les données peuvent aussi couvrir un vaste éventail de comportements, du conflit malsain (parfois appelé la violence commune dans le couple) dans une relation à des mauvais traitements physiques et psychologiques graves (parfois appelés terrorisme intime) Note de bas de page 342,Note de bas de page 415.

La violence bilatérale est plus répandue qu'on le croyait au départ Note de bas de page 417. Elle apparaît souvent sous la forme d'un conflit malsain, et non comme un abus grave, ou des tentatives d'exercer du pouvoir ou du contrôle dans une relation Note de bas de page 283,Note de bas de page 309,Note de bas de page 343,Note de bas de page 344,Note de bas de page 416,Note de bas de page 417. Il ne fait aucun doute que les cas de violence entre partenaires intimes graves et fréquents sont plus susceptibles d'être vécus par les femmes et commis par des hommes. C'est souvent unilatéral Note de bas de page 417. Les femmes sont aussi plus susceptibles que les hommes d'être touchées par la violence entre partenaires intimes, même lorsque le type et la gravité de la violence vécue sont les mêmes Note de bas de page 279,Note de bas de page 280.

Les hommes et les femmes sont également susceptibles les uns que les autres de vivre des formes moins graves de violence entre partenaires intimes, comme les conflits malsains Note de bas de page 408,Note de bas de page 417. Les données probantes ne sont pas claires et sont contradictoires quant à savoir si ce sont les hommes ou les femmes qui sont les plus susceptibles d'amorcer la violence bilatérale. Cela peut dépendre de la gravité et du type de violence, ou de la façon dont les questions sont posées dans le cadre des enquêtes Note de bas de page 12-14,Note de bas de page 298,Note de bas de page 343-345. La violence bilatérale peut avoir des répercussions sur la santé Note de bas de page 344,Note de bas de page 418,Note de bas de page 419.

Mauvais traitement des aînés

Les données des services de police révèlent que 4 % des victimes de violence familiale signalée à la police étaient âgées de 65 ans ou plus en 2014. Les adultes âgés de plus de 65 ans sont plus susceptibles de vivre de la violence familiale perpétrée par un enfant adulte ou un conjoint que par un autre membre de la famille (voir figure 13) Note de bas de page 10.

La population canadienne vieillit. En 2013, 15 % de la population canadienne était âgée de plus de 65 ans. D'ici 2030, on s'attend à ce que ce taux passe de 22 % à 24 % Note de bas de page 420. Une population vieillissante signifie aussi une augmentation de la probabilité des cas de mauvais traitement des personnes âgées Note de bas de page 360.

Figure 13 : Lien avec la victime dans les cas de violence familiale signalés à la police, 2014 Note de bas de page 10.
Figure 13
Équivalent textuel

Diagramme à bandes montrant le taux d'incidents de violence familiale déclarés à la police en 2014 contre les femmes et les hommes âgés de 65 à 89 ans. Il indique le pourcentage de cas perpétrés par les enfants adultes, les conjoints, les frères ou sœurs et les membres de la famille élargie.

Femmes

  • Enfant adulte = 31 %
  • Conjoint ou conjointe = 33 %
  • Frère ou soeur = 12 %
  • Famille élargie = 24 %

Hommes

  • Enfant adulte = 35 %
  • Conjoint ou conjointe = 20 %
  • Frère ou soeur = 12 %
  • Famille élargie = 32 %

Note sur les données : Données compilées auprès des Canadiens âgés de 65 à 89 ans. Enfant adulte - comprend les enfants biologiques et adoptés, les beaux-fils et belles-filles, et les enfants en famille d'accueil. Conjoints - comprend les conjoints mariés et les conjoints de fait actuels et antérieurs. Frère ou soeur - comprend les frères et sœurs biologiques, les demi-frères et demi-sœurs, ainsi que les frères et sœurs par alliance, par adoption ou en famille d'accueil; Famille élargie - comprend tous les autres membres de la famille liés à la victime par le sang, par mariage ou par adoption.

Structure familiale et sociale : Les personnes âgées peuvent avoir une structure familiale et sociale complexe. Pour certaines personnes, les soins en établissement font partie du processus de vieillissement Note de bas de page 360. Pour d'autres, leur réalité est de vivre avec des membres de la famille autre qu'un conjoint. La cohabitation peut accroître le risque de violence envers les aînés surtout pour ce qui est des mauvais traitements sur les plans financier et physique Note de bas de page 92,Note de bas de page 125,Note de bas de page 351,Note de bas de page 352.

Fournisseurs de soins : En 2012, près de 50 % ou 13 millions de Canadiens âgés de plus de 15 ans ont affirmé qu'ils avaient, à un moment de leur vie, prodigué des soins à un membre de la famille ou à un ami atteint d'une maladie chronique, d'une invalidité ou ayant des besoins particuliers en raison de l'âge. Parmi les fournisseurs de soins interrogés, presque tous ont affirmé bien s'adapter. Plus le nombre d'heures consacré à fournir des soins était élevé, moins ils étaient susceptibles d'affirmer qu'ils s'adaptaient à la situation. Près de 30 % ont affirmé que le fait de donner des soins était stressant et près de 20 % ont affirmé que ces responsabilités avaient entraîné des répercussions sur leur santé Note de bas de page 421.

Prévention de la violence familiale

La violence familiale est complexe; il n'est donc pas surprenant que les interventions permettant de la prévenir efficacement soient peu nombreuses Note de bas de page 256,Note de bas de page 367,Note de bas de page 422-424. La présente section est axée sur la prévention primaire et donne un aperçu des approches qui ont été utilisées pour prévenir la violence familiale au sein de la société et des communautés, dans les familles, dans les relations et pour les populations à risque.

Élaboration et application des lois et des politiques

La façon dont les lois exercent une influence sur le taux de violence familiale peut être complexe et l'on ne peut établir clairement si elles réussissent à la prévenir Note de bas de page 69,Note de bas de page 425-430. Les données probantes provenant des pays où les revenus sont faibles et moyens montrent que les lois seules ne semblent pas prévenir la violence familiale. L'application efficace de ces lois et la création d'attitudes sociétales qui contribuent à mettre fin à la violence familiale sont aussi des interventions requises Note de bas de page 431.

Que se passe-t-il au Canada? Le Canada dispose d'un solide système judiciaire qui fait en sorte que plusieurs formes de violence familiale sont illégales. Le Code criminel décrit ce qui constitue les crimes violents. La violence familiale n'est pas traitée par des lois précises, mais elle est couverte par diverses infractions criminelles prévues dans le Code criminel. La plupart des formes de punitions physiques sont également des crimes au Canada Note de bas de page 432-434.

Plusieurs autres lois et politiques traitent de la violence familiale. Par exemple, le Code criminel renferme également des dispositions qui protègent les victimes après la perpétration de l'infraction. Plusieurs provinces et territoires disposent de lois qui ciblent précisément la violence familiale et la protection des enfants Note de bas de page 435. Le Canada dispose également de lois relatives au signalement obligatoire, mais on ne peut établir clairement si elles contribuent de manière efficace à prévenir la violence familiale Note de bas de page 436-438.

Élaboration de stratégies, de cadres et d'initiatives

Les stratégies, les cadres et les initiatives visent à fournir des exemples de pratiques efficaces, mesurées et prometteuses que les programmes peuvent utiliser pour prévenir la violence familiale. Cependant, on ne peut déterminer clairement si ces stratégies, ces cadres et ces initiatives, dans l'ensemble, contribuent à prévenir la violence familiale Note de bas de page 68,Note de bas de page 439.

Que se passe-t-il? L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déterminé que la violence constituait un enjeu mondial important. Son Rapport de situation 2014 sur la prévention de la violence dans le monde présente un aperçu de l'ensemble des approches juridiques, politiques, en matière de programmes et autres entreprises par les pays participants. L'OMS a aussi élaboré plusieurs publications (en anglais seulement) traitant de la prévention de la violence. En collaboration avec de nombreux partenaires, l'OMS a récemment publié une ressource qui décrit sept stratégies pour prévenir ou réduire la violence faite aux enfants.

En 2014, l'Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution sur le renforcement du rôle des systèmes de santé pour lutter contre la violence, en particulier la violence faite aux femmes et aux enfants. Un plan d'action mondiale a été élaboré et une résolution de la 69e assemblée mondiale de la santé, en 2016, appuyait sa mise en œuvre.

Les Nations Unies ont inclus, dans leurs objectifs de développement durable (en anglais seulement) plusieurs dispositions qui traitent des enjeux liés à la violence familiale. En voici des exemples :

  • l'élimination de toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles, y compris la traite des êtres humains, l'exploitation sexuelle et autres types d'exploitation.
  • l'élimination de toutes les pratiques nuisibles comme les mariages d'enfants, précoces et forcés et l'excision.

Voici des exemples de pactes et de conventions des Nations Unies liés à la violence familiale : la Convention relative aux droits de l'enfant, la Convention relative aux droits des personnes handicapées, la Déclaration universelle des droits de l'homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la Convention contre la torture.

L'Initiative de lutte contre la violence familiale du gouvernement du Canada est une initiative de 15 ministères fédéraux amorcée en 1988 et qui est dirigée par l'Agence de la santé publique du Canada. Dans le cadre de celle-ci, l'Agence de santé publique du Canada héberge aussi le site Web Arrêtons la violence familiale. Cette initiative vise à prévenir la violence familiale, à sensibiliser le public à ses risques et à ses facteurs de protection, à collaborer entre les secteurs, à soutenir la collecte de données, la recherche et l'évaluation. Les provinces et les territoires ont aussi élaboré divers cadres et stratégies pour lutter contre la violence familiale; une liste peut être consultée pour chaque provinces et territoire.

Enrichissement des connaissances et accroissement de la sensibilisation

L'objectif de l'enrichissement des connaissances et de l'accroissement de la sensibilisation est de modifier les croyances, les attitudes et les comportements. Il est ici question de changer les croyances sociétales de manière à ce que la violence familiale soit moins acceptable sur le plan social et ne soit plus perçue comme quelque chose de normal dans la vie de tous les jours.

Impact des médias : Les médias peuvent influencer les croyances et les attitudes à l'égard de la violence familiale Note de bas de page 445,Note de bas de page 446. Les médias ont tendance à rapporter les cas les plus graves et à les représenter comme des événements isolés. Les spécialistes se prononcent rarement et les cas médiatisés sont utilisés pour faire du sensationnalisme. Bien souvent, les discussions sur la violence sont caractérisées par des stéréotypes, on peut jeter le blâme sur les victimes et on cherche des excuses pour les personnes responsables de la violence Note de bas de page 445-453.

Que se passe-t-il? Les campagnes de sensibilisation du public visent à prévenir la violence familiale en contribuant à faire connaître le problème. Il est difficile d'évaluer si ces campagnes portent leurs fruits Note de bas de page 439,Note de bas de page 440. Les programmes s'adressant aux témoins visent à prévenir la violence familiale en sensibilisant davantage et en encourageant les témoins à intervenir. Certaines données probantes donnent à penser que les programmes d'intervention des témoins peuvent être efficaces. Les évaluations ont démontré qu'ils réussissaient à accroître la volonté des témoins à intervenir, mais on ne peut établir clairement s'ils contribuent à prévenir la violence Note de bas de page 441-444.

Dans le cas de la violence entre partenaires intimes, l'activisme féministe a joué un rôle important pour influencer les politiques sur la violence faite aux femmes Note de bas de page 454. Il a aussi mis sous les projecteurs les problèmes liés aux méthodologies de recherche, comme la collecte de données et les analyses qui ne fournissent pas suffisamment de détails sur les différences entre les sexes Note de bas de page 342. Il existe certaines pratiques prometteuses qui aident les hommes et les jeunes hommes à prévenir la violence faite aux femmes Note de bas de page 439.

Il existe des programmes scolaires qui visent à enrichir les connaissances et à accroître la sensibilisation afin de prévenir la violence. L'un des points de mire de ces programmes est la violence sexuelle. Ces programmes visent à enrichir les connaissances et à aider les enfants à développer les habiletés leur permettant de reconnaître les situations susceptibles de les exposer au risque de violence sexuelle, de les éviter et de les gérer. Ces programmes semblent prometteurs, mais il faudra compiler plus de données pour déterminer leur efficacité Note de bas de page 455. En ce qui a trait aux programmes qui visent à prévenir la violence faite aux femmes et les agressions sexuelles dans les campus postsecondaires, les évaluations n'ont pas permis de déterminer s'ils contribuaient effectivement à prévenir ces types de violence Note de bas de page 456,Note de bas de page 457.

Les données de surveillance peuvent fournir des renseignements importants sur les taux, les répercussions, les risques et les facteurs de protection liés à la violence familiale. À défaut de données de qualité, il y a moins de chance que les programmes réussissent à atteindre leurs objectifs Note de bas de page 458.

La sécurité et le soutien dans les collectivités

Les quartiers qui sont unis, stables et qui offrent du soutien, et dont les membres de la collectivité sont prêts à intervenir ont tendance à afficher des taux de violence familiale inférieurs Note de bas de page 87,Note de bas de page 361. Il existe cependant des lacunes dans les connaissances quant à savoir comment aborder la violence familiale à l'échelle communautaire Note de bas de page 459. Il existe des approches qui visent à gérer les facteurs de risque de violence familiale et à améliorer la sécurité dans les collectivités, mais elles n'ont pas fait l'objet d'évaluations permettant de déterminer si elles préviennent la violence familiale Note de bas de page 460-462.

Promotion de familles et de relations saines

Le soutien et l'établissement de relations saines, en particulier en améliorant les compétences parentales et les habiletés au choix des fréquentations, semblent être l'une des méthodes les plus prometteuses pour prévenir la violence familiale.

Qu'en est-il des frères et des sœurs? Certaines pratiques prometteuses peuvent contribuer à réduire le conflit et l'agression entre les frères et sœurs. Elles peuvent aussi améliorer les relations avec les amis et la famille Note de bas de page 463.

Que se passe-t-il? Il existe de nombreux programmes qui soutiennent les parents ou font la promotion d'attitudes parentales positives; cependant, dans la plupart des cas, on ne peut pas déterminer avec certitude s'ils contribuent à prévenir la maltraitance des enfants. Note de bas de page 423,Note de bas de page 467-468 Voici deux exemples de programmes évalués :

  • Nurse Family Partnership (en anglais seulement): Élaboré aux États-Unis, ce programme de visites à domicile vise à aider les jeunes mères, les nouvelles mères et les mères socialement et économiquement défavorisées. Il a été mis sur pied pour prévenir la maltraitance des enfants et améliorer d'autres résultats en matière de santé pendant l'enfance Note de bas de page 423,Note de bas de page 467. Les données probantes ont montré qu'il était efficace à long terme aux États-Unis et aux Pays-Bas, mais inefficace à court terme au Royaume-Uni Note de bas de page 467-469. On procède actuellement à un essai clinique randomisé pour évaluer son efficacité au Canada Note de bas de page 470.
  • Programme pratique parentales positives : Il s'agit d'un programme pour tous les parents, qui propose différentes méthodes pour promouvoir des compétences parentales positives. Les données probantes suggèrent que ce programme peut contribuer à réduire la maltraitance des enfants, les placements en foyer d'accueil et les hospitalisations, en plus de réduire les problèmes de comportement chez les enfants, le stress chez les parents et l'occurrence de la discipline sévère Note de bas de page 440,Note de bas de page 471-475. Il s'est avéré prometteur dans plusieurs pays, mais il faudrait réaliser d'autres analyses Note de bas de page 476-479.

Dans l'ensemble, les programmes de prévention de la violence dans les fréquentations à l'adolescence ne semblent pas avoir été efficaces, mais certains se sont avérés prometteurs Note de bas de page 480-489. Voici deux exemples de programmes évalués qui ciblent des élèves de 8e année à la fin de l'école secondaire:

  • Safe Dates program (en anglais seulement): Ce programme scolaire couvre divers sujets comme la violence dans les fréquentations, les stéréotypes sexistes, les relations saines, la résolution de conflits, les habiletés de communication. Après un an, il a été constaté qu'il n'entraînait aucun effet global, mais avait réduit le nombre de cas de violence sexuelle et de violence physique, mais non les cas de violence émotionnelle chez les adolescents ayant des antécédents de violence dans les fréquentations. Il a aussi modifié les croyances à l'égard de la violence dans les fréquentations, amélioré les habiletés à la résolution de conflits et sensibilisé davantage aux services de soutien. Il pourrait également réduire d'autres formes de violence Note de bas de page 485-487.
  • Fourth R program (en anglais seulement): Élaboré au Canada, ce programme scolaire couvre des sujets comme la violence dans les fréquentations, la violence et la sexualité, les relations saines, la résolution de conflits. Il donne aussi de l'information aux parents et aux écoles. On a constaté que ce programme enrichissait les connaissances sur la violence dans les fréquentations et réduisait la violence physique, davantage pour les garçons que pour les filles Note de bas de page 488. Il s'est aussi avéré efficace auprès des jeunes à risque Note de bas de page 489.

La thérapie relationnelle ou de couple améliore les relations et peut être utile pour les couples à risque d'être aux prises avec des problèmes de violence entre partenaires intimes, même si les données probantes relatives à son efficacité sont contradictoires. Des précautions devront être prises parce que la thérapie peut exacerber la violence dans certaines situations Note de bas de page 23,Note de bas de page 490,Note de bas de page 491. L'éducation aux relations vise à empêcher l'émergence des problèmes. Il a été constaté que cette approche aidait les couples à apporter les ajustements nécessaires pour exercer leur rôle parental, réduisait le comportement agressif et donnait lieu à des formes moins graves de violence dans certains cas Note de bas de page 23,Note de bas de page 490-496.

Cibler les populations à risque

Les approches en matière de prévention de la violence familiale qui ciblent les populations à risque comme les femmes, les jeunes et les enfants, les personnes âgées, les collectivités autochtones, les membres de la communauté de personnes allosexuelles (lesbiennes, gais, personnes bisexuelles, transgenres, en questionnement quant à leur orientation or identité sexuelles, ou de genre non conforme) et bispirituelles ou les personnes handicapées sont peu nombreuses, n'ont pas été évaluées, devront être étudiées davantage ou les données probantes sur leur efficacité sont contradictoires Note de bas de page 115,Note de bas de page 125,Note de bas de page 351,Note de bas de page 360,Note de bas de page 423,Note de bas de page 424,Note de bas de page 439,Note de bas de page 469,Note de bas de page 497-503. Dans le cas de certaines populations, des priorités d'action ont été cernées.

  • Le système de santé est considéré comme un point névralgique pour mieux repérer les familles à risque de violence familiale. Il existe certains programmes prometteurs. Par exemple, aux États-Unis, le modèle Safe Environment for Every Kid (en anglais seulement) contribuerait à prévenir ou à réduire la maltraitance des enfants dans les familles à risque élevé, mais peu dans les familles à faible risque. Ce modèle prévoit de fournir une formation permanente aux professionnels de la santé sur les facteurs de risques parentaux qui ont une incidence sur la santé des enfants Note de bas de page 517-519.
  • Femmes : Le nombre d'approches évaluées pour tous les types de violence entre partenaires intimes (p. ex. perpétrée par des hommes ou des femmes, violence réciproque) est insuffisant Note de bas de page 424,Note de bas de page 439. La prévention de la violence faite aux femmes est une priorité importante et nécessite une approche ciblée étant donné que les femmes sont plus susceptibles d'être victimes de violences et de mauvais traitements graves Note de bas de page 342.
  • Enfants et jeunes : L'initiative INSPIRE - Sept stratégies pour mettre fin à la violence à l'encontre des enfants de l'OMS décrit sept stratégies pour prévenir ou réduire la violence faite aux enfants. Ces stratégies comprennent des approches efficaces, prometteuses ou prudentes dans les domaines du droit, des normes et des valeurs, des milieux sécuritaires, du soutien aux parents et aux fournisseurs de soins, du renforcement du revenu et de la capacité économique, des services d'intervention et de soutien, de l'éducation et des aptitudes à la vie quotidienne.
  • Collectivités autochtones : les collectivités et les spécialistes ont observé que les interventions adaptées à la culture, élaborées par ou avec des collectivités sont à la fois importantes et nécessaires. Note de bas de page 498 Il peut aussi être efficace de gérer d'autres facteurs de risque comme la disponibilité des services et l'accès à ceux-ci, le logement sécuritaire et adéquat, les préoccupations relatives au système de justice, les effets de la colonisation, les séquelles des pensionnats indiens, et le traumatisme intergénérationnel. Bon nombre de ces questions ont été soulevées dans les Appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

Qu'en est-il des facteurs de risque et de protection?

Il existe des programmes prometteurs qui ciblent les facteurs qui augmentent le risque de violence familiale, mais on ne sait pas entièrement s'ils contribuent efficacement à la prévenirp. ex., Note de bas de page 69,Note de bas de page 504-516. Peu d'études ont été réalisées sur la façon dont les approches en matière de prévention peuvent cibler ces facteurs de protection Note de bas de page 255,Note de bas de page 256.

Mot de la fin

La violence familiale au Canada est une source de préoccupation, en particulier pour les personnes les plus à risque, soit les femmes, les filles et les femmes autochtones, mais il y a lieu d'être optimiste pour l'avenir.

La violence familiale, et son incidence au cours de la vie, est un domaine de recherche relativement nouveau. Les données probantes sur le sujet ne cessent de croître depuis les années 1970. Malgré que nous n'en saisissions pas bien les causes, les statistiques montrent que les formes graves de violence familiale diminuent au Canada, tout comme les crimes violents. Les données laissent également croire qu'il est possible de prévenir la violence familiale ou d'en inverser ou d'en atténuer l'incidence, et que certaines personnes sont résilientes à ses effets.

Le rapport soulève davantage de questions qu'il ne fournit de réponses. Pourquoi la violence est-elle dirigée vers des êtres chers, comme des enfants ou des partenaires intimes? Comment pouvons-nous remettre en question nos idées afin de trouver de nouveaux moyens de prévention? Pourquoi certaines personnes sont plus susceptibles que d'autres d'être victimes de violence familiale? Pourquoi certaines sont résilientes à ses effets? Pourquoi la majorité des adultes qui ont été victimes de mauvais traitements dans l'enfance ne deviennent pas violents à leur tour?

Nous devons clairement approfondir notre compréhension des causes de la violence familiale et trouver les meilleures façons d'aider les familles en difficulté et de prévenir la violence dès le départ. Notre compréhension progresse au rythme de l'évolution des familles et des relations. Les nouvelles générations vivent dans un monde très différent.

Il peut être très difficile de parler de la violence familiale, mais il s'agit de la seule façon de faire de notre société un endroit où rien de moins que la sécurité et la santé de la cellule familiale pour tous et chacun ne sera accepté.

Références

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